Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

MAXIMOV, Grigori Petrovitch “LAPOTE”

Né à Mithusino (Smolensk) le 1er (ou le 10) novembre 1893 — mort le 16 mars 1950 — Agronome — Nabat — Petrograd — Kharkov (Ukraine) — Berlin — Paris — Chicago (Illinois)
Article mis en ligne le 21 juillet 2008
dernière modification le 6 août 2024

par R.D.
Georges & Olga Maximov (Paris, 1925)

Né dans une famille paysanne de la région de Smolensk, et après des études à l’école de théologie du Séminaire Vladimir, Georges Maximov avait suivi les cours du collège d’agriculture de Saint-Petersbourg d’où il sortit diplômé en agronomie en 1915. Militant anarchiste depuis 1912, après avoir découvert les écrits de Kropotkine, Bakounine et Stepniak, il utilise le pseudonyme de Lapote, et bien qu’opposé à la guerre, il répondit en 1915 à l’appel sous les drapeaux pour y faire de la propagande révolutionnaire parmi les soldats.

Lors de la révolution d’octobre il participait au mouvement de grève et aux combats à Petrograd puis était élu membre du Conseil général des soviets d’usines de Petrograd. L’année suivante il fut avec 5 autres compagnons délégué au premier congrès tenu par les syndicats. Dès le début de la révolution il collabora à Goloss Truda puis à Novy Golos Truda (Moscou) l’organe anarcho-syndicaliste du Nabat dont il fut l’un des rédacteurs et au bulletin Nouvelles des employés des postes. Membre du secrétariat du Nabat, il fut ensuite l’un des rédacteurs de Volny Golos Truda.

Entre 1918 et 1921 il allait être emprisonné au moins à six reprises par les bolchéviques. En 1919, après s’être enrôlé volontairement dans l’armée rouge pour combattre les blancs, il fut emprisonné à Kharkov pour avoir refusé de servir dans la police et de désarmer le peuple. Enfermé dans une cellule de condamnés à mort, il ne fut libéré qu’après l’intervention du syndicat des ouvriers métallurgistes.

Le 20 octobre 1920, il fut une nouvelle fois arrêté avec plus de 70 camarades lors d’une réunion au siège du Nabat, rue de Bolchoi-Tchernitchewski par la Tchéka qui recherchait Tchoubenko, un commandant Makhnoviste qui venait tout juste d’être libéré de prison (cf. Le Libertaire, 11 mars 1921). Tous les compagnons emprisonnés avaient alors déclenché une grève de la faim ; 25 d’entre eux furent libérés le lendemain tandis que les autres restèrent aux mains de la Tchéka. D’autres furent ensuite libérés, mais 19 restèrent en prison malgré les interventions de Voline, Schapiro, Meyer et Goldenberg (ces deux derniers venus de Petrograd) auprès du presidium de la Tchéka.

Fin 1920, au nom du bureau provisoire de la confédération russe des anarcho-syndicalistes, il fut le signataire avec E. Yarchuk et S. Markus, d’un appel au prolétariat de tous les pays : "[…] Nous anarchistes syndicalistes de Russie, malgré le persécutions que nous subissons de la part du gouvernement socialiste, malgré notre plein désaccord avec la politique du parti gouvernant, malgré notre négation de la dictature du prolétariat et d’autant plus de la dictature d’un parti, dictature qui est un des grands facteurs de la désorganisation économique et du manque de vie politique dans le pays, dictature qui tue l’esprit d’initiative de celui ci et sa force créatrice, nous vous adressons un appel ardent de soutenir la Russie dans sa lutte contre la bourgeoisie du monde entier. Camarades faites envers nous votre devoir de solidarité internationale des travailleurs […] mais ne répétez pas notre faute, n’introduisez pas le communisme d’État […] Le plus grand et le plus complet secours que vous pouvez nous prêter, c’est de faire la révolution dans votre pays […] Vive la révolution sociale du monde ! Vive la solidarité mondiale du prolétariat ! A bas la bourgeoisie et l’État y compris l’État prolétarien !… » (cf. Le Libertaire, 21 janvier 1921)

Arrêté le 8 mars 1921 à Moscou pour propagande anarcho-syndicaliste il fut interné à la prison Taganka. Lors du congrès de l’Internationale syndicaliste rouge, il entama une grève de la faim et suite à l’intervention des délégués anarcho-syndicalistes et anarchistes, bénéficia d’une mesure d’expulsion : il fit partie des dix militants anarchistes bannis et expulsés d’URSS en décembre 1921. Le 5 janvier 1922, munis de faux passeports les identifiant comme “des prisonniers de guerre tchéques”, embarquaient à destination de Stetin les dix compagnons bannis : G. Maximov, Voline, M. Vorobiev, G. Gorelik, P. Mikhaelov, M. Mratchny, A. Feldman, A. Tcherniakov, I. Ioudin et E. Yarchuk. Arrivé à Stetin et après avoir expliqué sa condition de réfugié politique, Maximov et sa compagne Olga furent autorisés avec Mratchny de se rendre à Berlin où Fritz Kater, le secrétaire de la FAUD s’était porté garant de leur séjour.

Réfugié à Berlin, il y fondait en 1922 le bureau étranger de la confédération anarcho-syndicaliste, y organisait l’aide aux compagnons emprisonnés en Russie et publiait le journal Rabotchy Put ce qui lui aurait valu une menace d’expulsion le 5 février 1922. Il s’exilait fin 1924 à Paris avec sa compagne Olga et participait à la rédaction du journal Dielo Truda. Olga, qu’il avait rencontré à Kharkov en 1917, avait été condamnée sous le tsarisme à 8 ans de travail forcé pour avoir distribué de la littérature subversive ; puis, en raison de son jeune âge, sa peine avait été commuée en exil à vie en Sibérie (province de Kansk) dont elle n’était revenue qu’au moment du déclenchement de la révolution.

G. Maximov

A l’été 1925 le couple émigrait aux États-Unis où il s’installait à Chicago, devenait l’éditeur du journal Golos Truzhenika auquel il collaborait depuis 1923 et rédigeait plusieurs ouvrages sur l’expérience soviétique et la théorie libertaire. A partir de 1932 et jusqu’à son décès il fut le directeur de l’organe des compagnons russes Dielo Truda Probuzdhenie et collaborateur à de nombreux titres de la prese libertaire dont le journal yiddish Freie Arbeiter Stimme.

Gregori Maximov, qui était aussi un excellent orateur, est mort d’une crise cardiaque à New York le 16 mars 1950. Il a été incinéré le 20 mars au vieux cimetière allemand de Waldheim où se trouve le mausolée à la mémoire des huit martyrs de Chicago et reposent de nombreux compagnons et compagnes dont Voltairine de Cleyre, Emma Goldman, Lucy Parsons et Nina Van Zandt.

Œuvres : — Mi credo (en russe, 1923) ; — En guise de programme (en russe, Berlin, 1922) ; — Pourquoi et comment les bolchéviques déportent les anarchistes (en russe, Berlin, 1922) ; — L’anarchisme constructif (1927) ; — Le bolchévisme : promesse et réalité (Glasgow, 1937) ; — The Guillotine at work (Chicago, 1940) ; — Conversation avec Bakounine sur la révolution (en russe, 1934) ; — Kropotkine et son enseignement (en russe, 1931) ; — Rassvet, le complément du fascisme russe (contre l’antisémitisme, Chicago, 1934, en russe) ; — The political philosophy of Bakunin (Free Press, 1964).


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