Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

PINOS BARRIERAS, Daniel

Né à Villefranche-sur-Saône (Rhône) le 7 juin 1953 — Ouvrier métallurgiste ; graphiste — ORA — FA — CNTF — CFDT — Villefranche-sur-Saône (Rhône) — Grenoble (Isère) — Amsterdam — Barcelone (Catalogne) — Paris
Article mis en ligne le 17 janvier 2009
dernière modification le 5 août 2024

par R.D.
Daniel Pinos (2006)

Fils des militants libertaires espagnols Eusebio Pinos Regalado (1910-1976) et Juliana Barrieras Tierz (1914-1987), Daniel Pinos avait été également influencé par ses deux oncles Gabriel Pinos Regalado et José Barrieras Tierz militants libertaires et résistants pendant l’occupation dans un maquis de Savoie. De 1966 à 1969 il poursuivit des études de tôlier-chaudronnier au collège de la Cité technique de Villefranche. En 1969 il adhérait à la CNT française et aux Jeunesses Anarcho-syndicalistes (JAS) de la région lyonnaise où il commençait à militer avec de vieux compagnons français et espagnols dont Auguste Forgues, Caetano Zaplana et Juan Lopez. A partir de 1970 il travaillait comme ouvrier métallurgiste aux établissements Bonnet et Frangeco de Villefranche, puis comme intérimaire dans diverses usines de la région. Cette même année il participait, avec plusieurs compagnons la plupart issus des JAS, à la fondation du groupe de Villefranche-sur-Saône de l’Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA) puis à la création du Cercle Front Libertaire dont il fut l’animateur (1971-1973). Il a collaboré au bulletin L’Insurgé (Villefranche-sur-Saône, au moins un numéro vers mai 1973) édité localement par l’ORA.

Militant du syndicat CFDT de la métallurgie et membre du bureau de l’union locale, il participe au soutien de nombreuses luttes menées par les travailleurs immigrés et notamment aux usines Pennaroya (Lyon) et CIAPEM Brandt à Villiers (Ain). En 1973 il est membre du comité de soutien aux travailleurs de Lip. Á cette époque, à l’usine Bonnet où il travaillait et qui fabriquait des appareils réfrigérants pour les restaurants et entreprises, la section CFDT développait un travail syndical sur des bases assembléistes et autogestionnaires et organisa plusieurs grèves pour l’amélioration des conditions de travail et des salaires.

Très actif au Comité de lutte antiraciste local et au Mouvement antiautoritaire contre l’armée (MACA), il fut appelé le 3 décembre 1973 pour être incorporé dans un régiment blindé de cavalerie à Carpiane (Bouches-du-Rhône) et décidait de s’insoumettre. Dans une lettre ouverte au ministre de la Guerre, il revendiquait sa condition d’ouvrier et de communiste libertaire et écrivait notamment : « …Ainsi je ne refuse pas le fusil mais ceux qui veulent le faire porter… Je refuse l’armée qui de tous temps a été au service du capitalisme qu’il soit privé ou bureaucratique… Je refuse l’armée qui est un véritable appareil engloutissant plus de 20% du budget national… Je refuse l’armée de guerre civile qui s’apprête à réprimer tout soulèvement populaire demain… Je refuse l’armée qui expulse les paysans de leurs terres… Je refuse l’armée qui détruit l’environnement. et pollue l’atmosphère par ses essais nucléaires… Je refuse l’armée qui qui réprime les peuples tchadiens, antillais… Je refuse l’armée française, 3e marchande de canons mondiale… Pour moi la lutte antimilitariste est un front de lutte remettant en cause directement les structures étatiques. Je refuse d’être l’exécuteur du capital contre les travailleurs… Je me déclare enfin solidaire de tous ceux qui luttent pour l’abolition de l’armée : appelés, déserteurs, insoumis, objecteurs et de tous ceux qui luttent pour la destruction du capitalisme et l’avènement d’une société socialiste autogérée dans les usines, les écoles, les quartiers…. » (cf. Espoir, Toulouse, 13 janvier 1974 & Front Libertaire, février 1974). Un comité de soutien et de coordination était alors formé à Lyon dont le responsable était Helios Lopez.

Il passait ensuite à la clandestinité tout en maintenant une activité militante au sein des groupes ORA de Lyon et de Grenoble. Dans cette dernière ville, il participait au Comité pour la vérité sur les emprisonnés de Barcelone (Mouvement Ibérique de Libération) et à de nombreuses actions avant et après l’assassinat par l’État franquiste de Salvador Puig Antich.

Daniel Pinos (Lyon, 1974)

En février 1974 le Tribunal permanent des forces armées de Lyon le condamnait par défaut à deux ans de prison « insoumission et refus d’obéissance ». Grâce aux réseaux de soutien et à l’usage de faux papiers Daniel Pinos ne fut jamais arrêté.

En 1975-1976 il a vécu à Amsterdam où il participa à la création d’un Collectif français de réfractaires réfugiés en Hollande ainsi qu’à des actions de soutien aux réfractaires hollandais.

De 1977 à 1981, toujours clandestin, il allait régulièrement en Catalogne où il participait à la reconstruction de la CNT et aux activités de l’Ateneo libertaire d’Hospitalet de Llobregat.

Amnistié en 1981 pour le délit d’insoumission par le gouvernement socialiste, mais sommé d’effectuer son service militaire, D. Pinos participa alors au Collectif des insoumis amnistiés (CIA) qui menat de nombreuses actions spectaculaires telle l’« invasion » du premier congrès tenu par le Parti socialiste à Valence et obtint finalement une victoire permettant à toute une génération d’insoumis et de déserteurs d’être définitivement dispensée de service.

Après un voyage au Chili en 1982, D. Pinos s’installait à Paris, obtenait un emploi de contractuel à l’Université de Paris 6 et reprenait une formation de graphiste. Il travailla ensuite comme graphiste à la cellule communication de cette Université (1990-1991), puis à l’imprimerie coopérative ouvrière Autographe fondée entre autres par Gérard Mélinand un ancien militant de l’ORA (1992), aux Presses de l’Université de Paris-Sorbonne (1994-1999) et aux Presses Sorbonne nouvelle (2000-2008).

Dès 1986 il avait repris une activité syndicale et fut membre en particulier de la coordination du personnel en lutte (professeurs et IATOS) de l’Université de Jussieu contre la loi Devaquet. Puis il participait au nouveau développement de la CNTF (Vignoles) et adhérait en 2001 au syndicat de la communication de la culture et du spectacle où avec entre autres Jean-Louis Phan Van, Jacques Tardi et Dominique Grange, il fondait la revue Un autre futur dont il était nommé directeur.

En 2004 il rejoignait le syndicat des travailleurs de l’éducation CNTF et montait une section syndicale à Paris 3-Sorbonne. Membre du Comité de mobilisation des personnels il fut particulièrement actif lors du blocage de un mois et demi de Paris 3 contre le CPE (Contrat premier embauche). L’année suivante, en novembre, il participa au mouvement de blocage pendant un mois de Paris 3 contre la LRU (Loi de rénovation des universités). Au cours de ces luttes la CNT publia le bulletin Mordicus (8 numéros, 2006-2007) et organisa entre autres un ciné-club Les Ecrans rebelles.

Membre de la Fédération anarchiste, Daniel Pinos collabore au Monde Libertaire après avoir écrit dans plusieurs titres de la presse libertaire dont Front Libertaire, IRL, CPCA, Tierra y Libertad et Cuba Libertaria et a été membre de l’équipe éditoriale des éditions CNT de la région parisienne. Il fait partie aujourd’hui du groupe animateur des éditions Noir et rouge. Collaborateur de Radio Libertaire, il a animé entre 1985 et 1992 l’émission « Tribuna Latinoamericana » avec entre autres Octavio Alberola, Ariane Gransac, Lise Bouzidi et Nestor Vega, en 2003-2004 l’émission mensuelle « Radio Libertaria » du syndicat de la communication CNT et depuis 2001 participe à l’émission « Chroniques rebelles » de Christiane Passevant.

Daniel Pinos a également été le président de l’Association des familles d’enfants nés au Chili — il a adopté deux enfants d’origine chilienne — et membre des Groupes d’aide aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba (GALSIC).

En 2014 il fut l’un des fondateurs et organisateurs de l’association et du site 24 août 1944 pour la mémoire historique des combattants espagnols de la 2e DB (la Nueve) et leur rôle dans la Libération de Paris.

Œuvres : — Ni l’arbre ni la pierre : des combats pour la liberté aux déchirements de l’exil : l’odyssée d’une famille libertaire espagnole (Ed. ACL, Lyon, 2001) & sa version espagnole (Presses de l’université de Saragosse, 2004) ; — Che Guevara au-delà du mythe (2004) ; Loin des Censiers battus : témoignages et documents sur le mouvement contre le CPE et la précarité, Sorbonne nouvelle printemps 2006 (Ed. CNT-RP, 2007, ouvrage collectif) ; Cuba : révolution dans la révolution (Ed. CNT-RP, 2012) ; — Il est également le co-réalisateur des documentaires : Asi na’ma, Cuba l’Africaine (prod. Atlza, 1994) & Osha Niwé, esclave de la musique (prod. Atlza et Images 24, 1996).


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