Orphelin très jeune, Bovard avait appris tout seul le métier de tailleur de pierres. Membre du groupe de Genève au temps du journal La Révolte, il connaissait Bakounine, Kropotkine, Herzig… et avait fait plusieurs voyages en France. Il a été le meneur de plusieurs grèves et avait travaillé à la réfection de la cathédrale de Lausanne. Le travail sur le grès dans un atelier fermé, sera le responsable de la maladie professionnelle — la pneumokoniose — qui l’emportera en 1914.
Il y a sans doute identité avec Pierre Bovard, né le 4 septembre 1861 à Fribourg, qui avait été l’objet le 23 octobre 1896 d’un arrêté d’expulsion de France qui lui avait été notifié à Montpellier (Hérault). Il avait été arrêté à Sète après avoir été dénoncé par un mouchard, disant s’appeler Metton, auquel il avait donné asile et qui avait « introduit dans sa malle un tube quelconque » puis avait déclaré à la police que Bovard n’avait pas fait sa déclaration d’étranger et fréquentait des anarchistes (cf. Les Temps nouveaux). Transféré à Genève « dans un wagon cellule de cinquante centimètres de large et enchaîné avec un anneau au pied », il fut appréhendé dès son arrivée en gare et de nouveau expulsé de Suisse.