Venant d’Issoudun (Indre), Louis Segot dit Segaud, fils d’Adolphe et Honorine Vacher, s’installa à Roanne (Loire) et s’y maria en février 1889 avec Benoite Rafin, une ouvrière caneteuse (ou canetière : chargée de disposer la soie sur les canettes) avec laquelle il eut en juin 1891 un fils prénommé Louis. Il participa activement au groupe anarchiste Les Révoltés, puis fut, avec Claude James, l’un des fondateurs des Jeunesses antipatriotiques de Roanne dont Thomasson fut le secrétaire et l’un des organisateurs du banquet antipatriotique des classes 1890-1891 qui eut un grand retentissement et valut à certains de ses participants d’être envoyés en surveillance dans les corps stationnés en Algérie. Il avait déserté par la suite du 4ème Régiment d’Afrique.
Le 11 octobre 1890 il présida avec Clovis Demure et François Barret la conférence “La vérité sur l’anarchie” donnée par Octave Jahn à la Salle Venise de Roanne devant environ 600 personnes.
Le 23 janvier 1891, il fut condamné à 4, 50 f d’amende pour violences légères. Le 28 mars il avait été l’orateur lors de la commémoration de la Commune de Paris, tenue par le groupe anarchiste de Roanne au café tenu par Gay au Rivage., à laquelle avaient participé 100 à 120 personnes dont une trentaine de femmes et une trentaine de jeunes gens de moins de 20 ans ; la salle avait été décorée « de quelques drapeaux noirs et rouges sur lesquels se détachaient les inscriptions Vive l’anarchie et Mort aux bourgeois ». A la fin de cette commémoration qui avait été organisée par Clovis Demure, Segaud, Deville père et fils, Déclat, Valese et Deal, un groupe de jeunes gens avait entonné La carmagnole. Il était alors l’animateur du groupe Les Sans Pitié et demeurait 4 rue du Rossignol.
Lors des élections de 1890-1891, il fut l’un des organisateurs du Banquet antipatriotique à la suite duquel plusieurs des particiapants avaient été envoyés dans des régiments disciplinaires en Algérie.
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Traduit le 11 mai devant le tribunal correctionnel de Roanne, il fut condamné comme ses camarades à 5 f d’amende. La police considérait qu’il était au courant du lieu où se trouvaient les matières explosives dont Demure « Le chef des Révoltés » serait le détenteur. Au cours des perquisitions opérées chez lui la veille du 1er mai 1891, on avait trouvé le timbre d’un nouveau groupe anarchiste en formation Les Sans-Pitié, divers exemplaires de La Révolte et de L’Anarchie et une lettre au Père Peinard — journal d’Émile Pouget, dont il était le correspondant — l’informant de la création de ce groupe et du bon fonctionnement des trois autres groupes anarchistes existants. Il ajoutait, non sans exagération sans doute quant aux désertions : « il y a également cinq groupes de socialos à la manque, mais tous les jours des membres de ces groupes désertent leur camp pour venir dans le camp anarcho. Insère cette babillarde trois ou quatre fois dans ton canard. »
Sur intervention du sous-préfet, Segaud, qui, avec notamment James, Thomasson et Minot, avait été le fondateur du groupe La Jeunesse antipatriote dont il devait être le délégué à un congrès anarchiste à Marseille, devait être envoyé, ainsi que son ami Claude James, au 4e régiment de chasseurs d’Afrique de Constantine « en raison de ses propos antipatriotiques » et « pour enrayer le mouvement qui commence à se produire » ; mais les deux compagnons désertèrent et se réfugièrent dans un premier temps à Genève. Arrêté à Luxembourg le 8 mai 1892, et transféré à Roanne, il aurait protesté lors de son interrogatoire du fait que ses camarades, en son absence de Roanne, lui auraient « mis sur le dos des choses » dont il était tout à fait innocent ; il aurait ajouté : « Si aujourd’hui le gouvernement voulait me faire terminer mon temps de service militaire dans la garde républicaine ou chez les pompiers de Paris, il n’aurait pas de meilleur soldat que moi et j’abandonnerais toute la bande anarchiste, mais si l’on me renvoie en Algérie, je déserterai encore ». Poursuivi où avec cinq de ses camarades — Demure, Sirot, Barret, Gallo, Vially arrêtés pour paralyser les tentatives de « L’émeute qui aurait pu être provoquée par les anarchistes de Roanne », il fut inculpé « d’affiliation à une société secrète ».
Segaud bénéficia d’un non-lieu, mais dut quitter Roanne fin juillet et il gagna l’Angleterre grâce au produit de deux collectes. Sa femme l’y rejoignit. En 1892 il résidait 26 Fitzroy Street. Fin novembre ou début décembre 1892 il aurait été arrêté à Londres. Son nom figurait au début des années 1890 sur une liste d’anarchistes établie par la police des chemins de fer en vue d’une surveillance aux frontières. Il figurait également sur l’État récapitulatif des anarchistes de Roanne de décembre 1893 où il était qualifié « des plus dangereux ».
Il était toujours à Londres en 1896.
Louis Segaud est décédé à Roanne le 14 févier 1905.
On retrouve Segaud à Roanne en 1903. En 1911, iun Segaud l était secrétaire du syndicat CGT des plombiers-zingueurs.