Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

SENEZ, André, Jean-François “A. MORGANE”

Né à Paris le 8 octobre 1917 — mort le 20 février 1998 — Cordonnier — UACR — FAF — FA — UFA — ORA — UTCL — CGTSR — CGT — CNTF — Paris 20 — La Chapelle Gaugain (Sarthe)
Article mis en ligne le 26 août 2009
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.

André Senez avait adhéré aux Jeunesses communistes en novembre 1932. Après la signature du pacte Laval-Staline (mai 1935) il rompait avec le parti communiste et adhérait à la Jeunesse anarchiste communiste (JAC) de l’Union anarchiste communiste révolutionnaire (UACR). L’année suivante en désaccord « avec la position de René Frémont sur l’Espagne » et « au sectarisme » de l’UA, il se rapprochait de la Fédération anarchiste de langue française (FAF) et devenait le secrétaire des Jeunesses Syndicalistes Révolutionnaires fondées le 8 janvier 1937 de la fusion des jeunesses de la CGTSR et de la FAF.
Le 30 janvier 1937 il avait épousé à Paris Georgette Grillère et cette même année avait été réformé pour “paralysie partielle de la jambe gauche” ; enfant il avait été victime d’une attaque de poliomyélite qui avait été mal soignée et l’vait laissé infirme.

Selon la police, lors des grèves de fin 1937 — début 1938, i avait arbré un drapeau noir à sa fenêtre.

En mars 1938 il fut le fondateur et le principal animateur du Club d’actions et d’études anarchistes dont les réunions se tenaient dans un café de la rue de Ménilmontant. Les membres du Club appartenaient pour la plupart à la FAF et publiaient leurs communiqués dans Le Combat syndicaliste et La Patrie humaine. Il demeurait à cette époque 76 rue des Rigoles (20e arr.).
En 1940 il travaillait à la fabrique de chaussures La Résistance, 104 rue Saint-Maur et demeurait 7 rue de Tourville (20e arr.).

Au début de l’occupation, il participait à une réunion d’anciens militants –dont Carpentier — puis, « pour des raisons de sécurité, ayant des policiers zélés aux fesses » partait travailler en Allemagne dans une usine de chaussures. Ayant réussi à regagner la France en juillet 1943, il rencontrait « en septembre sur le boulevard de la Villette, Julien Toublet » l’ancien secrétaire de la CGTSR, qui le mit « au courant d’un regroupement libertaire UA-FAF d’une part et anarcho-syndicaliste d’autre part, dont le camarade Constant, de la chaussure, était le représentant ». Il participa alors aux réunions clandestines tenues au bureau de L. Laurent à la Bourse du travail ou chez des camarades pour tenter de réorganiser le mouvement libertaire, réunions auxquelles particpèrent notamment Bouyé, Louis Laurent, Jean-Louis Lefevre, Louis Louvet, Renée Lamberet, Georges Vincey et Émile Babouot. Selon le témoignage d’André Senez, ces compagnons diffusaient alors « notre petit canard ronéotypé à l’usine, au bureau, aux amis. Sur le plan professionnel je milite au syndicat de la chaussure où je retrouve d’ailleurs d’anciens de la chaussure CGTU, puis je me fais foutre à la porte de ma boîte pour menaces envers le patron et suis obligé de nouveau de ma planquer ».

Après la libération André Senez milita à la Fédération anarchiste (FA). Selon G. Fontenis il « était de tous les meetings, de toutes les manifs dans lesquelles il manie redoutablement une canne dont il ne peut se séparer étant donné son handicap ».

En juin 1947 il avait divorcé de Georgette Grillère dont il avait eu un fils, Élisée.

Après avoir quitté la FA en 1952 il avait rejoint le groupe « Socialisme ou Barbarie », puis en 1956 L’Alliance ouvrière anarchiste (AOA) fondée par Raymond Beaulaton.

Dans les années 1960, installé à La Chapelle Gaugain, il était membre du groupe FA de Saint-Calais (Sarthe). En 1967 il fut le responsable avec Yves Michel Biget du bulletin Lettre syndicaliste de l’Ouest (La Chapelle-Gaugain, 3 ou 4 numéros parus) auquel participèrent notamment René Le Clainche et Louis Laurent, et qui fut l’organe éphémère « d’un groupe anarchiste ouvrier et paysan qui comprenait 3 ou 4 membres et quelques sympathisants ». Suite à une réunion tenue le 1er octobre 1967 (ou le 30 septembre) à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher) il fut nommé secrétaire adjoint de la CNTF régionale aux cotés de René Leclainche (secrétaire) et Idalio Canillas (Trésorier) et administrateur aux cotés de Jean Perrin du Bulletin anarchiste (Lamotte Beuvron- La Chapelle Gaugain, 2 numéros en octobre 1967 et janvier 1968), puis devint l’un des animateurs avec Henri Bouyé et René Leclainche d’une nouvelle organisation, l’Union Fédérale Anarchiste (UFA) qui édita Le Libertaire (janvier 1968-février 1972).

Ill entra ensuite en contact avec le groupe du Mans de l’Organiation Révolutionnaire Anarchiste (ORA) auquel il adhéra, avant de rejoindre l’Union des travailleurs communistes libertaires (UTCL) tendance exlue de l’ORA. Il devint en 1977 le directeur de son organe Tout le pouvoir aux travailleurs (Paris, 45 numéros de mai 1976 à mars 1982) où il avait remplacé Olivier Sagette. Lorsque ce journal changea son titre en Lutter (Paris, n°1 en mai-juin 1982) il continua d’en assumer la direction.

En 1990 il avait été l’un des signatires de l’Appel pour une alternative libertaire, initié par l’UTCL pour regrouper tous les communistes libertaires. Toutefos au printemps 1991, constatant que la nouvelle organisation n’était « qu’un avatar de l’UTCL » il refusait d’y adhérer comme plusieurs signataires d l’Appel dont Michel Ravelli, Hervé Guillermic, Auguste Lhermite Gérard Mélinand, Daniel Guerrier (tous anciens de l’ORA et de l’OCL2), Bernnard Cnockaert, Michele Stern, Guy Bourgeois (de la TAC), Antonio Martin, José Morato, Montsé Turtos (groupe du Pré-Saint-Gervais), Rhida Tabai, Joseph Priollet, Romain Tarhant, et Josette Chavy (cf. communqué de mai 1991),

André Senez est décédé le 20 février 1998.


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