Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

TOMSIN, Marc, Émile

Né le 15 juin 1950 à Paris 20e — mort le 8 juin 2021 — Correcteur d’imprimerie ; éditeur — JAC — MCL — CIRA — CGT- Paris — Poitiers (Vienne) — Toulouse (Haute-Garonne) — Barcelone (Catalogne)
Article mis en ligne le 19 mars 2010
dernière modification le 5 août 2024

par R.D.
Marc Tomsin (occupation du siège du CNPF, janvier 1970)

Fils de Jacques Tomsin, professeur et ancien membre de la FA puis de la FCL, et de Claudine Labadie, infirmière, Marc Tomsin, influencé par le mouvement Provo (Amsterdam, 1966) et les écrits de la Beat generation, avait commencé à s’engager politiquement à l’automne 1967 alors qu’il était lycéen au lycée Voltaire dans le 11e arrondissement. Membre du Comité Vietnam National (CVN) puis des Comités d’action lycéens (CAL), il adhérait en janvier 1968 à la Jeunesse anarchiste communiste (JAC) qui publiait la revue Arcane (Paris, 6 numéros de janvier 1967 à octobre 1968) et dont les principaux animateurs étaient Michel Franz, Gérard Laporte et François Recanati Decour. Il participait activement au mouvement de mai-juin 1968 « d’assemblées en manifestations et nuits démeute, souvent en compagnie de Guil Teitler, compagnon de Voltaire, et de Madelène Mallet, fille de Serge, fondateur du PSU ». La lecture à cette époque du Traité de savoir vivre à l’usage des jeunes générations de Raoul Vaneigem sera d’une influence majeure et constante sur son itinéraire.

De l’automne 1968 à 1971 il participait au Comité d’action de la Place des Fêtes, fonctionnant sur une conception de l’auto-organisation fondée sur l’assemblée, une structure totalement horizentale, sans direction ni secrétariat. Après l’autodissolution de la JAC en 1969 et quelques mois d’adhésion au Mouvement Communiste Libertaire (MCL), il rejoignait le réseau qui publait Informations Correspondance Ouvrières (Paris, 1960-1973) revue à laquelle collaboraient plusieurs membres du groupe Noir et Rouge et du Mouvement du 22 Mars et dont le but était de regrouper et de « réunir les travailleurs qui n’ont plus confiance dans les organisations révolutionnaires de la classe ouvrière, partis et syndicats ». Il y nouera une amitié avec Christian Lagant, de la revue Noir et Rouge, un correcteur d’imprimerie dont l’anarchisme critique le marquera durablement.

En 1971-1972 il travaillait comme magasinier aux NMPP, puis l’année suivante comme chauffeur-livreur au Monde avec Germinal Clemente avec qui naîtra « une amitié complice qui s’épanouira à Barcelone en 1977 ». La destruction de la Place des Fêtes et la fin de la revue ICO en 1973, l’amenaient à quitter Paris pour Poitiers où il s’inscrivait à l’Université en philosophie. Suite à sa participation active au boycott des examens de l’été 1976, il était traduit en conseil de discipline et exclu de l’académie de Poitiers avec quatre autres étudiants. Il collaborait à cette époque aux revues La lanterne noire (Meudon, 11 numéros, juillet 1974 à juillet 1978) sous le pseudonyme Belial et à IRL-Informations rassemblées à Lyon (Lyon, n°1 décembre 1973).

Après son exclusion de l’université de Poitiers, Marc Tomsin s’inscrivait à l’automne 1976 à l’Université de Toulouse où en 1978, tout en vivant à Barcelone, il obtenait une licence de philosophie. Lors de son séjour à Toulouse il rencontrait la militante libertaire espagnole Maria Mombiola. Il participait en juillet 1977 avec Germinal Clemente aux Journées libertaires internationales de Barcelone où il s’installait. Il y rencontrait Diego Camacho Abel Paz avec lequel il nouait une amitié inaltérable, participait au collectif Etcetera avec Quim Sirera et Santi Soler de l’ex-MIL (Mouvement Ibérique de Libération) et menait de longues discissions avec Xavier Garriga Paituvi ancien du MIL lui aussi. Il faisiat paraître simultanément dans la revue Ajo Blanco (Barcelone) et Les Temps Modernes (Paris) les traductions espagnoles et françaises des « irréductibles de Berlin » : les prisonniers Ralf Reinders, Fritz Teufel, Gerard Klöpper et Ronald Fritzsch du Mouvement du 2 Juin.

A l’automne 1979 Marc Tomsin revenait à Paris où il apprenait la correction auprés de Georges Rubel et, parrainé par Thierry Porré, adhérait au syndicat CGT des correcteurs dont de 1992 à 2001 il sera membre du Comité syndical, chargé de la solidarité internationale et du placement. Il travaillait successivement dans les imprimeries de labeur (1980-1982), aux éditions de l’Encyclopaedia Universalis (1982-1985) et dans la presse quotidienne : L’Humanité (1987-1999) puis Le Monde (1999-2006).

En 1981 il avait été l’un des organisateurs du Comité Berlin-Paris pour la défense de Katharina Defries, proche du Mouvement du 2 juin, dont l’Allemagne n’obtiendra pas l’extradition.

En 1985, avec Angèle Soyaux, connue à ICO et devenue correctice, il fondait les éditions Ludd qui publièrent jusqu’en 1998 des textes de Kraus, Oskar Panizza, Wedekind, Dagerman, Vaneigem… Se rendant fréquemment à Barcelone il y noua des contacts avec le Mexique qui méneront à la fondation en janvier 1995 du Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (CSPCL) et, entre 1996 et 2006, à une dizaine de séjours au Mexique pour y consolider les relations de solidarité avec les communes zapatistes du Chiapas. En mai 1996 il participait à Berlin à la Rencontre européenne pour l’humanité et contre le néolibéralisme et en juillet à la Rencontre intercontinentale au Chiapas. Animateur du site internet du CSPCL, Marc Tomsin collabora également à Cantonade l’organe du syndicat des correcteurs, au Monde Libertaire et à des chroniques sur Radio Libertaire. En 2007 il fondait les éditions Rue des Cascades, à Ménilmontant, dont la collection « Les livres de la jungle » est dédiée aux luttes des peuples indigènes. Il participait en 2008 à la création et à l’animation de l’émission mensuelle Terre et Liberté sur Radio Libertaire.

Partageant sa vie entre la France, l’Espagne, le Mexique et la Grèce, Marc Tomsin est également l’animateur du site La Voie du Jaguar (informations et correspondance pour l’autonomie individuelle et collective).

C’est en Grèce, son pays d’adoption depuis plusieurs années, et plus précisémment en Crète, où il apportait son soutien à la fête de réoccupation du squat anarchiste Rosa Nera à La Canée, que Marc Tomsin est décédé accidentellement le 8 juin 2021.

Marc Tomsin

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