Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

TOUBLET, Julien, François, Gabriel « Jean THERSANT »

Né à Ivry le 27 août 1906 — mort le 4 avril 1991 — Ouvrier bijoutier ; correcteur — CGT — CGTU — CGTSR — CNTF — ASRAS — Paris
Article mis en ligne le 30 mars 2010
dernière modification le 28 août 2024

par R.D.
Julien Toublet

Fils d’une concierge et d’un menuisier, Julien Toublet avait commencé à travailler très tôt comme ouvier bijoutier et, dès 1921, avait adhéré au syndicat CGTU du bijou parisien de forte tradition libertaire. Membre des Jeunesses syndicalistes il participa activement aux comités de chômeurs. Appelé sous les drapeaux en 1926, il parvint à se faire ajourner d’une année puis à se faire verser dans un service de santé qui lui évita de partir en Syrie.

En 1932 il adhéra à la CGTSR, fondée en novembre 1926 autour de Pierre Besnard et adhérente à l’AIT, et devint, lors du 4e congrès de la confédération tenu les 11-13 novembre, membre de sa commission administrative — avec entre autres Doubinsky, Robinet, Demeure, Snappe, Boisson, Ganin… — où il représentait le syndicat des métaux de la Seine dont il était le secrétaire. En octobre 1934 il fut élu secrétaire de la confédération, poste auquel il sera reconduit en 1936 et qu’il conservera jusqu’en octobre 1938 où il sera remplacé par le militant d’origine allemande Georges Adam. Il était également membre du Comité d’Entraide de Paris avec Louis Charbonneau et Huet, et trésorier du comité d’aide aux prisonniers de la 4e région, poste auquel il sera remplacé en janvier 1936 par L. Laurent. A partir de 1931 il fut aussi le responsable en France des collectes effectuées au profit du Comite pro-presos y perguidos espagnol, poste dont il démissionnera également fin 1935 et où il sera remplacé par Louis Laurent.

Parallèlement il était l’un des rédacteurs, avec notamment Pierre Besnard, de l’organe de la Confédération Le Combat syndicaliste (Lyon-Paris-Limoges, 1926-1939) qui devint hebdomadaire à partir du 1er mai 1935 et dont la diffusion s’accrût de façon importante au moment des grèves de mai-juin 1936 et des évènements d’Espagne.

Lors du déclenchement de la révolution espagnole, il fut avec Marchal le responsable du recrutement de volontaires à la CGTSR. Pendant toute la durée de la guerre civile il allait se charger de coordonner l’achat et l’approvisionnement en armes pour la CNT-FAI et assurer des transports de fonds en Espagne, notamment avec Marchal du syndicat des métaux. Il fut également avec P. Besnard, L. Laurent, A. Ganin, Marchal et Paul Lapeyre à l’origine de l’édition en France de L’Espagne Antifasciste (Barcelone-Paris, 1936-1937).

En octobre 1936, il avait été nommé avec Doussot membre titulaire du bureau de l’AIT, et en novembre, lors de la conférence du comité anarchosyndicaliste français, avait été nommé secrétaire adjoint du bureau de l’Union fédérative aux cotés de P. Besnard et de Giraud.

Lors de la Retirada de l’hiver 1939 et de l’afflux des réfugiés espagnols en France, il fut chargé par la CNT-FAI d’organiser un Comité de secours où il assurait plus particulièrement la liaison avec des avocats tandis que Paul Lapeyre était chargé de visiter les camps d’internement. Le siège de ce centre se situait 108 quia de Jemmapes (11e arr.)

A l’approche de la guerre et craignant une dissolution, la CGTSR décida de s’auto-dissoudre et de détruire ses archives, une pratique qu’elle effectuait régulièrement. En septembre 1939, Julien Toublet épousa sa compagne, Denise Boutiller dont il avait déjà deux enfants. Mobilisé comme infirmier à la déclaration de guerre, Julien Toublet fit partie du corps d’armée encerclé à Dunkerque et évacué vers l’Angleterre. Immédiatement rapatrié en Normandie, il parvint à regagner Paris sans être fait prisonnier par les Allemands. Pendant l’occupation il constitua avec d’anciens compagnons et des membres de sa famille la coopérative ouvrière de production de bijouterie Art et Technique appliqés lui permettant de subsister. Parallèlement il participait aux tentatives de reconstition clandestine du mouvement libertaire avec notamment Louis Laurent, Gilberte Dawas et Henri Bouyé. Il parvint à éditer deux bulletin, Action et Problèmes et à organiser une fillière pour cacher les militants recherchés et leur fournir des faux papiers. A l’opposé d’autres militants libertaires, comme H. Bouyé qui collabora au réseau Résistance Ouvrière au sein de la CGT, Julien Toublet souhaitait que le mouvement reste à l’écart de la Résistance officielle.

Après la libération de Paris, Julien Toublet reprit son militantisme au syndicat CGT du bijou où il fut nommé à la Commission d’épuration de la Fédération du bijou. Après la décision prise par les libertaires de quitter la CGT tombée sous l’emprise des communistes, et la fondation en 1946 de la CNTF, il rejoignit cette confédération dont il fut nommé membre de la Commission administrative, puis secrétaire.

En 1949 il fondait avec un groupe de camarades — dont Roger Boucoiran, Portier et G. Pouget — le mouvement astasosyndicaliste qui édita le mensuel Mains et cerveau (Antony, une dizaine de numéros en 1949-1950) dint Aimé Capelle était l’administrateur. Militant espérantiste, il abandonna à cette même époque l’espéranto pour la langue universelle Interlingua et devint le représentant en France de l’Association des anationalistes interliguistes.

En mai 1952 il était admis au syndicat CGT des correcteurs de Paris et commençait à travailler à l’imprimerie Georges Lang. Depuis le début des années 1950, et suite à des divergences avec le mouvement français et espagnol, il avait pris ses distances avec la CNT, qu’il quittait en 1954 pour se rapprocher du noyau de La Révolution prolétarienne animé par Pierre Monatte et adhérer à l’Union des syndicalistes. Il fut à cette époque l’un des animateurs et gérant du bulletin ronétotypé Le trait d’union syndicaliste (1952-53) puis Le trait d’union des syndicalistes (Paris, 1954) qui publièrent au moins 25 niméros auxquels collaborèrent entre autres A. Capelle, Y. Richaud, C. Patat, Louis Mercier Vega et M. Landry.

Il travailla ensuite à l’imprimerie du Croissant puis au Parisien Libéré où il prendra sa retraite en 1971.

Après le mouvement de mai 1968 qu’il suivit avec passion, il participa avec son fils Jacky, également correcteur, à l’Alliance Syndicaliste révolutionnaore et anarcho-syndicalsite (ASRAS), une nouvelle tentative pour regrouper les militants anarcho-syndicalistes éparpillés dans les divers syndicats (CGT, FO, CFDT, FEN).

Julien Toublet qui avait épousé sa compagne Denise Boutiller en septembre 1939 avec laquelle il avait eu trois enfants Monique (1927), Christiane (1929) et Jacques (1940), est décédé à Créteil le 4 avril 1991. Il a été incinéré au Père Lachaise le 11 avril suivant. Sa compagne Denise était décédée en 1973.


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