Dictionnaire international des militants anarchistes
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WILKENS (ou VILKENS ?) [ALVAREZ, Fernando]
Tué en juillet 1936 - Ouvrier charpentier ; journaliste - CGT - Chauny (Aisne) – Belgique – Madrid (Nouvelle-Castille)
Article mis en ligne le 25 juin 2010
dernière modification le 26 octobre 2023

par R.D.

Ouvrier charpentier, Wilkens (ou Vilkens), fut l’un des fondateurs du syndicat du Bâtiment de Chauny (Aisne). Parti en Russie soviétique, mandaté par le Comité syndical de défense des ouvriers espagnols du Nord de la France, il était alors marxiste et un partisan de la dictature du prolétariat. Sur dénonciation d’un militant communiste espagnol (Merino Gracia), il fut arrêté en Russie le 13 octobre 1920, accusé d’être "anarchiste réformiste" et détenu jusqu’au 22 novembre. Avant son départ de Russie il rendit visite à Kropotkine puis avait gagné Petrograd où il s’était embarqué le 18 décembre à bord du vapeur allemand Ceuta… Après un passage par Berlin, il arriva en France le 3 janvier 1921 et inaugura dans Le Libertaire du 14 janvier, sous le titre « Six mois en Russie », une chronique qui s’acheva avec le n° 132 (29 juillet-5 août 1921), où il dénonça le renforcement de la dictature en Russie ainsi que les mesures prises contre les anarchistes. Le groupe La Vie ouvrière et Godonèche le considérèrent alors comme suspect (lettre de Gofonéche à Casteu in Le Libertaire, 18 février 1921) : lors du congrès tenu en octobre 1921 par la minorité CGT à Paris, après une intervention de Souchy et de Bila le secrétaire du bâtiment de l’Aisne, une motion soutenant Wilkens fut votée à la majorité, provoquant le départ de la salle de Monatte qui avait refusé que Wilkens prenne la parole au congrès.
Lors du congrès de la CGTU de décembre 1921, il était intervenu pour démentir les affirmations mensongères d’Alfred Rosmer sur Angel Pestaña à qui, à Moscou, on avait fait signer une note acceptant de mettre le mouvement syndical sous la coupe du parti communiste (note reproduite in Le Libertaire, 20 janvier 1922). Après une entrevue avec notamment A. Souchy et A. Borghi, Pestaña se rendant compte qu’il avait été trompé - “on m’a dupé” - avait biffé sa signature du document en présence de Borghi qui confirma ultérieurement ce fait auprès de Totti, secrétaire général de la CGTU (cf. Le Libertaire, 17 mars 1922).

Le numéro du Libertaire du 10-17 février 1922 annonçait son expulsion de France vers la Belgique. A cette même époque il fut pris à partie et dénigré dans les colonnes de La Vie Ouvrière, par Hilario Arandis, ancien membre de la délégation de la CNT au congrès de Moscou. Le journal refusa de publier la réponse de Wilkens.

Il continuait de collaborer au Libertaire où il écrivit notamment un article dénonçant "le trucage de l’internationale syndicale moscovite" (cf. Libertaire, 16 juin 1922) et un article intitulé "N’oublions pas Fort et Concepcion" soutenant ces compagnons arrêtés à Madrid après un attentat (cf. Libertaire, 30 juin 1922). A l’automne 1924 il était à Bruxelles d’où il participait à la campagne en faveur de Sacco et Vanzetti.

Il allait ensuite en Espagne où sous le nom de Fernando Alvarez dit Ivan, il devenait journaliste et rédacteur au Heraldo de Madrid et s’éloignait des idées libertaires. Toutefois, en 1930 sous le nom de Wilkens il collaborait toujours au Libertaire notament sur la situation en Espagne.

En juillet 1936 il s’enrôlait dans une milice à Madrid et était tué au col de Somosierra, dans la sierra de Guadarama au Nord de Madrid. Le 24 juillet 1936, Le Libertaire écrivit que sa vie s’était poursuivie « un peu en dehors de nos milieux », mais à l’heure décisive, « l’homme d’action l’emporta sur le sceptique qu’il était ou qu’il croyait être devenu ».