Au début des années 1880, Louis Léveilé était, avec entre autres Marchand, Courapied, Dodot et Ferrière, membre du groupe La Solidarité de Levallois-Perret qui se réunissait au 86 rue de Gravelle.
En 1881 il avait épousé Marguerite Emilie Gauthier dont, à la demande de cette dernière, il divorcera le 18 février 1889. Marguerite Gauthier avait été à plusieurs treprises l’objet de violences par son compagnon, notamment en août 1884 où alors qu’elle était enceinte, il lui avait porté un coup de pied dans le ventre, entraînant son hospitalisation à l’hôpital Beaujon. Puis il avait proféré contre elle des lenaces de mort et exercé des violences graves. A l’issue du divorce, leur fille avait été confiée à la garde de sa mère. En outre Léveilé avait été condamné à verser une pension de 3 francs par mois.
Le 1er mai 1891, après avoir manifesté à Levallois où il ya avait eu une fusillade avec les forces de l’ordre, les compagnons Louis Léveillé qui résidait à Neuilly-sur-Seine, Charles Auguste Dardare et Henri Decamps, entraient chez un marchand de vins de Clichy. Alors qu’ils étaient en train de rouler le drapeau rouge brandi à la manifestation, un groupe de policiers et de gendarmes entraient dans le commerce, provoquant une violente bagarre et un échange de coups de feu. Léveillé qui avait tenté de s’enfuir eut la cuisse trouée par une balle et fut arrêté avec Dardare et Decamps. Les trois hommes furent ensuite amenés au commissariat où ils furent violemment passés à tabac.
Traduit le 28 août devant la Cour d’assises de la Seine, Leveillé qui n’avait pas d’antécédents judiciaires et avait été blessé lors de l’affrontement, fut acquitté tandis que Decamps était condamné à cinq ans de prison et Dardare à trois ans de la même peine pour « coups volontaires, suivis d’effusion de sang, portés à des agents de la force publique ».
Á l’occasion de cette affaire sera éditée la brochure de Sébastien Faure « L’Anarchie en Cour d’assises » (1891) diffusée par les journaux La Révclte et Le Père peinard. C’est également pour protester contre cette condamnation que Ravachol, le 11 puis le 27 mars 1892, attentera aux domiciles de Benoit, président de la Cour d’assises et de Bulot l’avocat général.
Le 15 janvier 1892, soupçonné d’avoir participé à un attentat contre le commissariat de Clichy, il fut arrêté, interné à Mazas mais fut relaxé. Il participait à cette époque aux réunions du groupe anarchiste de Levallois-Perret dont faisaient entre autres partie V. Vinchon, G. Bondon, M. Marchand et E. Spannagel. Fin avril 1892, comme de nombreux compagnons, il fut arrêté préventivement à la manifestation du 1er mai et prétendit alors n’avoir jamais fait partie d’aucun groupe.
Début mai 1893, lors d’une opération de police à Levallois et à la découverte d’une demi-douzaine de bombes cachées dans un jardin, il avait été arrêté avec Marchand, Spannagel, Vinchon et Bondon Bondon. Il aurait alors été domicilié au 161 rue du bois à Levallois. Tous furent acquittés à l’exception de Vinchon.
Puis il résida 42 rue du Chemin de fer à Nanterre.
En août 1892 puis le 6 juillet 1894 il fut poursuivi pour « association de malfaiteurs » mais bénéficia d’un non-lieu. Début 1895, suite à un vol commis à Courbevoie par les frères Spannagel qui avaient été arrêtés, il se serait réfugié à Londres. En février 1895, les indicateurs à Londres, où il serait arrivé début janvier, signalaient son probable embarquement pour l’Amérique du Sud, sans doute pour l’Argentine. Selon un rapport de police (23 février 1895), il aurait « reçu une somme de 500 francs de Paris… on ne sait de qui”. Puis, ayant dépensé une partie de l’argent du voyage, il serait parti pour Anvers dans l’espoir de pouvoir s’y embarquer. En mars un arrêté d’expulsion avait été pris à son encontre.
Selon Le Père Peinard, il avait été condamné par défaut à 20 ans de travaux forcés, fut arrêté à Londres puis extradé en France où, en mai ou juin 1897, après 10 mois de prévention, il avait finalement été acquitté.
A l’automne 1897 il travaillait comme serrurier forgeron à l’atelier du compagnon forgeron Bernard à Cravant (Yonne). Puis début 1898 il alla travailler à Reims où sous le nom de Roger Louis, il était alors signalé comme demeurant Chez Millet 90 rue Gambetta, travaillant comme « serrurier forgeron à la maison Renneville et fréquentant assidûment les réunions du groupe au Cruchon d’Or » (rapport du 1er mars 1898).
Au printemps 1898 (ou 1899 ?) il avait participé, avec entre autres Desfossez, Prudhomme, Marquette et Geoffroy, à la fondation d’un nouveau groupe, L’En-Dehors, qui se réunissait au café Au Cruchon d’or.
Fin mars 1899 la police signalait qu’il aurait quitté Reims pour Paris avec sa compagne Marie Forest. Toujours selon la police, Léveillé surnommé aussi Chasseur, Bertrand, Moreau et Roger réapparaissait à Cravant en mai ou juin 1899 chez Bernard et avait l’intention « de quitter la France soit pour la Belgique, soit pour Barcelone ».
En 1901 il était retrouvé à Lyon où, selon la police, il pourrait avoir fixé sa résidence et demeurait alors 5 rue de l’Hospice des Vieillards.
En 1906 la police des chemins de fer et des frontières signalait que depuis le 16 juin il n’avait « plus de domicile connu à Lyon… où il avait habité dans divers garnis, notamment chez Bernard, rue Duguesclin, 303 ».
En 1906 son nom figurait toujours sur un avis de recherches aux cotés de celui de sa compagne Célestine Masino (née le 28 septembre 1878 à Sallussola, Italie).
Le 8 décembre 1914 il épousait Célestine Masino et reconnaissait à cette occasion quatre enfants nés entre 1899 et 1908 (2 à Lyon et 2 à Turin).
Selon le témoignage de sa petite-fille, transmis par son arrière-petit-fils au CIRA de Lausanne en septembre 2011, Louis Léveillé aurait par la suite émigré au Canada, mais rien n’a été trouvé à ce jour dans les registres d’immigration canadiens et il semble que cette information soit inexacte.
Louis Léveillé est décédé à Lyon le 15 décembre 1927.