Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

KITZ, Frank [Francis PLATT]

Né en 1849 à Londres — mort le 8 janvier 1923 — Ouvrier teinturier — Londres (Grance Bretagne)
Article mis en ligne le 29 janvier 2011
dernière modification le 12 juillet 2024

par Nick Heath, R.D.

Né dans le quartier londonien de Kentish Town, Frank Kitz, dont le véritable nom était Francis Platt, était le fils illègitime de Mary Platt, une domestique, et de l’horloger John Lewis. Il racontait plus tard être le fils d’une mère anglaise et d’un père allemand exilé après la révolution de 1848.

Dès l’enfance il dut travailler comme saute ruisseau et porteur, commença très jeune à fréquenter les meetings et réunions révolutionnaires et échappa de peu à l’arrestation lors de l’émeute à Hyde Park en 1866. Après un apprentissage de teinturier il commença en 1869 à vagabonder dans tout le sud est et le nord de l’Angleterre ; il se finança à plusieurs reprises avec des primes d’engagement dans l’armée dont il désertait ensuite.

Revenu à Londres il résida à partir de 1873 ou 1874 dans le quartier de Soho et adhéra à la Democratic and trades alliance association, dont il devint le secrétaire de la tendance la plus révolutionnaire jusqu’en 1877. Kitz, qui parlait très bien allemand, adhéra alors au groupe sociaiste English revolutionnary Society où il allait rencontrer Johan Most et John Neve et où tous trois allaient alors évoluer de la sociale démocratie à l’anarchisme révolutionnaire. Il fut l’un des animateurs du Rose Street Club.

Après l’interdiction du journal Freiheit et l’emprisonnement de J. Most, Kitz en 1881 publia une version anglaise du journal. Il était à cette époque dans une misère noire et lorsque les huissiers étaient venus le saisir, n’avait pu sauver que les fonds du comité de défense de Most (20 livres) qu’il avait préalablement caché dans un tonneau de sable.

Avec John Lane il fondait la Labour emancipation league (LEL), qui sans être spécifiquement anarchiste, évolua de plus en plus en ce sens. Lors de la scission de la Fédération sociale démocrate et la formation de la Socailist League, la LEL y adhéra et Kitz monta avec Charles Mowbray une imprimerie qui allait éditer une importante propagande anti militariste et dénonçant les conditions de travail et de logement notamment dans l’East End.

Orateur lors des meetings en plein air il fut à plusieurs reprises arrêté –notamment en août puis en septembre 1885 où il fut arrêté avec Mowbray et William Morris et en juin 1886 — et participa en 1887-88 à une campagne dans tout Londres pour améliorer la diffusion de Commonweal l’organe de la Socialist League. En 1888 il remplaça Fred Charles comme secrétaire de la Socialist League où désormais le courant anarchiste était majoritaire. En 1889 il fut l’un des orateurs des nombreux meetings tenus lors de la grève des docks et aida notamment à l’organisation d’une section de la League à Merton où il travaillait alors comme teinturier. En mars 1890, en désaccord avec Mowbray qui préconisait la propagande par le fait, il démissionnait de son poste de secrétaire de la Socialist League et rejoignait le groupe Freedom.

En 1904, lors de la grève générale, il fut, avec Malatesta, R. Rocker, Mowbray et Mainwaring, l’un des orateurs du grand meeting tenu à Whitechapel auquel assitèrent plus de 5.000 personnes.

En 1909 il était l’un des orateurs réguliers des meetings en plein air organisés à Londres par les anarchistes. Dèbut 1910, figurant sur les listes noires du patronat, il ne pouvait plus exercer son métier de teinturier et dut pour survivre faire les marchés de rues. Il écrivit alors ses souvenirs qui furent publiés dans le journal Freedom entre janvier et juillet 1912 dans la rubrique Recollections and Reflections.

En 1920 et 1922 Freedom publiait des appels pour l’aider soulignant que « maintenat âgé de plus de 70 ans, il n’était plus capable de gagner sa vie de son métier de teinturier » et qu’il n’avait plus pour survivre qu’une « misérable retraite de 10 shillings par semaine » (Freedom, mars 1922). Frank Kitz décédait peu après à Londres le 8 janvier 1923 dans la plus grande pauvreté.


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