Soldat de la guerre franco-allemande de 1870-1871, blessé et fait prisonnier, César Prenant revint en France au moment de la Commune à laquelle il participa. Condamné le 9 janvier 1872 par le 15e conseil de guerre à la déportation simple, il fut déporté à l’Île des Pins (Nouvelle-Calédonie).
Á son retour en France, il se joignit aux Blanquistes entre 1877 et 1879. puis devint anarchiste. Prenant voulut attirer l’attention du gouvernement sur ce qui se passait en Nouvelle-Calédonie. En 1886, à Nîmes, une lettre à la main, il aborda un jour Charles de Freycinet, ministre des Travaux publics qui inaugurait un port dans le Midi. Accusé d’avoir voulu assassiner le ministre, il fut condamné à 3 mois de prison et à l’interdiction de séjour dans les principales villes manufacturières et minières. Ne trouvant plus de travail il était alors monté à Paris.
En 1888 avec entre autres Constant Martin, transfuge comme lui du blanquisme, il fit partie du comité de rédaction du Ca ira (Paris, 10 numéros du 27 mai 1888 au 13janvier 1889) ; le journal projetait de devenir quotidien et en septembre 1888 était fondée à cet effet la société anonyme à capital variable Le ça ira qui devait émettre 10.000 obligations de 5f. L’idée fut, semble-t-il bien accueillir, mais ses promoteurs furent poursuivis en cour d’assises (cf. article Silence aux pauvres in n° 10) et le projet fut abandonné. Prenant, interdit de séjour dans de nombreuses villes et qui avait été interné 20 mois à Saint-Anne avant d’être relâché suite à une campagne de soutien, fut à cette époque une nouvelle fois emprisonné, notamment en 1891 à Mazas et condamné début août à 6 mois de prison. Interné comme “fou”, il passa en tout (affaire Freycinet et affaire du ça ira) six ans à Bicêtre puis à Clermont et ne recouvra la liberté qu’en 1902 après avoir été déclaré “sain d’esprit” et une vigoureuse campagne menée par C. Malato.
En mai-juin 1892 il avait participé comme orateurs à diverses réunions de défense de Ravachol aux cotés notamment de Fortuné Henry, Michel Zevaco et Jacques Prolo entre autres. Lors de l’une de ces réunions il avait regretté que Ravachol, au lieu de faire sauter des magistrats, aurait dû placer ses engins sous la Chambre des députés, ajoutant « Ce sont ces charognes à 25 francs par jour qui sont les causes de la misère ».
Fin mars 1896, alors qu’il tentait d’obtenir un entretien avec l’ancien ministre de la Guerre De Freycinet, il était arrêté et interné comme “fou” à Saint-Anne. Début novembre 1896 il était une nouvelle foi arrêté et interné à Bicêtre.
Au début des années 1900 son cas déclenchait une campagne contre les asiles d’aliénés menée notamment par E. Girault — auteur notamment d’une série d’articles “L’inquisition rétablie à Bicêtre” parus dans Le Libertaire —, C. Malato, F. Prost et Millot à laquelle se joignirent entre autres Charles Galillée, Julien Réaux et Michel Zévaco qui l’avait connu lorsque ce dernier travaillait comme lui comme employé au Courrier Français vers le milieu des années 1890…
Début 1911, atteint de paralysie, il fut admis à l’hôpital Tenon (20e). Déclaré incurable, César Prenant fut transféré à Ivry où il mourut au début mai 1911.
Dans ses souvenirs, Francis Jourdain en traça le portrait suivant : « Voûté, édenté, tétant sans arrêt le jus tiède d’une pipe infecte, César Prenant portait depuis des décades un paletot décoloré par les intempéries et ne se rasait que par hasard. Il avait fallu une campagne de meetings et d’affiches pour faire sortir cet inoffensif pauvre vieux clochard de la cage (je dis bien la cage) d’un asile d’aliénés où l’avait mené sa phobie des magistrats. Le doux vieillard n’en pouvait voir un sans entrer dans un état que les médecins légistes qualifiaient injustement de fureur démentielle ».
Il y a vraisemblablement identité avec Prenant qui, suite à une perquisition au siège du Père Peinard où il avait violemment apostrophé les policiers, avait été arrêté début juillet pour “infraction à une interdiction de séjour” à Paris.