Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

ROSCIGNA, Miguel, Arcangel

Né à Buenos Aires en 1891 — assassiné en 1937 — Ferronier d’art — Buenos Aires (Argentine) — Montevideo (Uruguay)
Article mis en ligne le 15 mars 2011
dernière modification le 23 juillet 2024

par R.D.
Miguel Angel Roscigna

Miguel Arcangel Roscigna était né dans une famille italienne qui avait émigré en Argentine en 1887. C’est pendant son adolescence et sans doute vers 1909, après que Simon Radowitzky ait exécuté le colonel Falcon, qu’il avait commencé à militer dans le mouement anarchiste.

En 1923 il était le secrétaire à Buenos Aires du Comité de défense des prisonniers dont l’organe était El Preso social. Il décidait l’année suivante de faire évader Radowitzky du pénitencier d’Ushuaia et à cette fin parvenait à se faire embaucher comme gardien au pénitencier. Malheuresuement, lors d’un congrès de l’Union Syndicale argentine, qui regroupait socialistes et syndicalistes, un des délégués, voulant nuire aux anarchistes, le dénonça comme « un chien » travaillant au pénitencier. Roscigna fut immédiatement révoqué et expulsé du pénitencier, non sans avoir, avant son départ, mis le feu à la maison du directeur de la prison. Ultérieurement et à deux reprises, il organisa l’évasion de prison du compagnon boulanger Ramon Silveyra qui avait été condamné à 20 ans de prison.

En mai 1925, dans un article intitulé « Anarchistes incongrus » il critiqua sévèrement les anarchistes italiens qui participaient aux comités antifascistes avec des socialistes, des libéraux et des communistes : « …A l’heure actuelle, il est inadmissible qu’il reste encore un anarchiste capable de militer sans connaître le Parti communiste et ce qu’il aspire à être. Des milliers de camarades morts, prisonniers et proscrits, voilà la bilan sinistre du gouvernement qui exerce en Russie une dictature tout aussi inique que celle du fascisme en Italie… Les camarades ignorent-ils la tradition d’opprobre et l’œuvre néfaste réalisée par ces maudits pasteurs au sein des organisations ouvrières rebelles dans notre pays ?”. Il terminait en dénonçant toute alliance avec ceux qui « comme antithèse à notre dessein de liberté, ne propagent que l’autorité ».

En octobre 1926 il aurait participé avec Durruti, Ascaso et Jover, arrivés en Amérique latine en 1924, Andres Vazquez Paredes et Emilio Uriondo, au braquage de la Banque San Martin de Buenos Aires. L’année suivante il fut soupçonné par la police d’être avec l’illégaliste Severino Di Giovanni l’un des promoteurs de la campagne d’attentats mené contre les intêrets américains lors de la campagne en faveur de Sacco et Vanzetti. Arrêté le 24 juillet 1927 et suspecté d’avoir été avec Uriondo l’auteur d’un attentat à la bombe contre la légation des États-Unis à Montevideo et d’avoir préparé à l’aide d’un livre piégé un attentat contre le directeur du pénitencier d’Ushuaia, il fut interogé plusieurs jours où il prétendit avaoir abandonné toutes idées anarchistes et consacrer tout son temps à l’étude de l’aviculture pour installer un élevage. Faute de preuves, il fut alors relâché après qu’un adjoint au commissaire lui ait dit clairement : « Tu as trois possibilités : aller élever des poules à la Quiaca, entrer dans un séminaire pour y étudier le sacerdoce, ou te suicider tout de suite. Ce qui nous faciliterait la tâche, car la prochaine fois qu’on te rencontre dans une rue de Buenos Aires, on te fait la peau, on te met un pistolet dans la main et on t’accuse de résistance aux autorités ».

Pour financer l’aide aux détenus et organiser des évasions de compagnons détenus, Roscigna décidait alors pour obtenir des fonds de recourir à des expropriations. Le 1er octobre 1927, avec le compagnon espagnol Andrés Vazquez Paredes, Antonio Moretti et son frère Vicente comme chauffeur, il participait à l’attaque du convoyeur de fonds chargé d’apporter les salaires à l’hôpital Rawson de Buenos Aires. Au cours der l’action le policier accompagnont le convoyeur était tué tandis que le groupe repartait avec un butin de 141.000 pesos. Puis Roscigna et les frères Moretti gagnaient le port de Tigre en Uruguay avec l’aide du compgnon batelier Bustos Duarte, et partaient ensuite se cacher dans un quartier ouvrier de Montevideo. Outre les tâches de solidarité, Roscigna utilisa le butin de Rawson pour financer la fabrication de fausse monnaie. Ces évènements divisèrent le mouvement libertaire argentin entre ceux qui autour du journal La Protesta et de Diego Abad de Santillan dénoncèrent « l’anarcho-banditisme » et ceux qui autour du journal La Antorcha prétendirent que tout cela n’était qu’une machination policière et que Roscigna et ses compagnons n’avaient aucun rapport avec l’attaque de Rawson.

En 1928, les frères Moretti et trois compagnons espagnols liés à Durruti — Pedro Boada Rivas, Jaime Tadeo Pena et Aguston Garcia Capdevilla —, malgré les recommandations de Roscigna et de E. Uriondo tout juste libéré de la prison de Montevideo, de n’effectuer aucune expropriation en Uruguay, participaient à un braquage sanglant de l’agence de change Messina qui se soldait par trois morts et trois blessés, puis par l’arrestation en novembre 1928 de ses protagonistes qui seront incarcérés à Punta Carretas. Roscigna regagnait alors clandestinement l’Argentine tandis que Uriondo partait pour le Brésil.

En février 1929 Roscigna participait au braquage des établissements Kloeckner, puis en octobre, avec Severino du Giovanni, à l’attaque d’un agent payeur dans le quartier Palermo de Buenos Aires. Le butin de 286.000 pesos allait être largement utilisé pour organiser l’évasion des camarades détenus à Punta Carretas : en août 1929, en face de la prison s’ouvrait une charbonnerie tenue par le compagnon Gino Gatti, à partir de laquelle allait être creusé par Gatti, Roscigna, Andrés Vazquez Paredes, José Manuel Paz Capitan et Fernando Malvicini, un tunnel de 50m de long débouchant dans les toilettes de la prison. C’est par ce tunnel que le 18 mars 1931 s’évadaient Vicente Moretti, Pedro Boada, Jaime Tadeo, Agustin Garcia et cinq prisonniers de droit commun. Le 27 mars 1931, après que Moretti ait été reconnu dans la rue par un ancien détenu de Punta Carretas, la police investissait la maison où il se trouvait, l’arrêtait avec Roscigna, Andrés Vazquez Paredes, Fernando Malvicini et José Manuel Paz. Lors du procès, ils furent condamnés à 6 ans de prison pour l’évasion de Punta Carretas et le vol des trois voitures qui avaient servi à évacuer les évadés.

A la fin de leur peine, le 31 décembre 1936, Roscigna, Malvicini, Vazquez Paredes et José Manuel Paz étaient extradés à Buenos Aires. Ce dernier était ensuite transféré à Cordoba où il y avait une autre instruction encours et où il sera libéré peu après par l’intervention d’un groupe de camarades qui attaqueront le commissariat. Quant à M. A. Roscigna, Malvinini et Vazquez Paredes, plus personne ne les reverra plus : ils avaient été assassinés par la police et leurs corps jetés au fond du Rio de la Plata.


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