Dictionnaire international des militants anarchistes
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TARTARIN, Jean Marie “{L’AFFAME}”
Né le 15 décembre (?) 1846 à Droiturier - Ciltuvateur - Droiturier (Allier)
Article mis en ligne le 11 juillet 2011
dernière modification le 20 avril 2024

par R.D., René Laplanche

Jean Marie Tartarin dit L’Affamé était à la fin des années 1880 et au début des années 1890 membre du groupe anarchiste qui regroupait les militants de Lapalisse, Droiturier et Saint-Prix (Allier), groupe qui en 1893 s’appelait Les révoltés de l’Allier (cf. La Révolte, 24 juin -1er juillet 1893). Dans ce groupe qui diffusait les brochures éditées par La Révolte, Tartarin était notamment chargé d’assurer les liaisons avec le groupe de Roanne (Loire). Selon la police, quoique illettré, il était très intellignet et s’exprimait “avec une grande facilité, prononçant de longs discours anarchistes dans les réunions publiques”. Il avait été condamné à plusieurs reprises pour coups et rébellion envers la gendarmerie.

Cette région autour de Lapalisse (en montagne bourbonnaise) possèdait une solide tradition de résistance : de puissantes communautés paysannes y existaient, refusaient la conscription et cachaient leurs jeunes ; un terme populaire local « battre la daille » signifiait faire un bruit approprié pour prévenir de l’arrivée des gendarmes et permettre la fuite des réfractaires. Lors du coup d’État de Napoléon III, les paysans en armes du secteur – notamment de Le Donjon d’Allier – avaient investi la sous préfecture de Lapalisse, tuant un gendarme et en blessant un autre, ce qui avait entraîné l’exil et la déportation de plusieurs personnes.

En avril 1889, comme d’autres compagnons de la région, dont les frères Jules et Julien Souchet, Tartarin fut arrêté. Le journal La Révolte (5-11 mai 1889) précisait : « Le 18 avril 1889, le compagnon Tartarin reçut la visite de deux gendarmes qui venaient l’arrêter pour lui faire payer une contrainte de corps qu’il avait encourue par un procès qu’on lui avait fait pour n’avoir pas de lanterne à sa voiture. Ce procès était fait depuis un an, et Tartarin, à toutes les réquisitions avait répondu, que ne reconnaissant pas le gouvernement, il ne voulait pas payer ». Tartarin fut conduit enchaîné à l’aîné des frères Souchet en gare de Lapalisse où les deux hommes, en présence d’une foule de 200 à 300 personnes, crièrent « Vive l’anarchie, vive la révolution » et entonnèrent La Marseillaise. Le lendemain, tandis que les frères Souchet, poursuivis pour rébellion, étaient condamnés à 3 et 1 mois de prison, Tartarin et un troisième nommé Brun étaient acquittés. Dès leurs arrestations, les anarchistes de Saint-Amand-Montrond (Cher) avaient apporté « leur soutien aux camarades de Lapalisse pour leur bravoure » (cf. La Révolte, 19-25 mai 1889).

Le 10 juin 1889, une réunion « très nombreuse et sympathique » était organisée dans la salle d’un café par un compagnon de passage à Droiturier, où résidait Tartarin, et que La Révolte commenta en ces termes : « Le compagnon a servi un régal tout à fait anarchiste, il a fait le procès de la société actuelle, du patriotisme, de la religion, du gouvernement, du parlement, de la comédie électorale. Tout en disséquant les rouages de la société capitaliste, il s’est fait applaudir par les ouvriers présents. Ce 10 juin a été une bonne journée pour l’idée anarchiste dans notre pays, et nous invitons les conférenciers de passage à nous inviter : il y a d’excellentes besognes à faire chez nous, le terrain est bien préparé ».

Au printemps 1891 La Révolte remerciait « Tartarin de Droiturier et un autre de Lapalisse pour l’envoi de 1F chacun en vue de l’achat d’une presse » (cf. La Révolte, 16-22 mai 1891).

En juin 1893, c’est lui qui, avec Souchet, avait acceuilli Broussouloux lorsque ce dernier était venu donner une conférence à Lapalisse.

En juillet 1894, il fut une nouvelle fois arrêté par les gendarmes de Lapalisse pour "apologie de Caserio" auteur de l’attentat contre le président Sadi Carnot et fut écroué à Cusset avec Julien Souchet.

Dans certains rapports de police Tartarin est noté (à tort) comme pouvant être sobriquet de Jules Souchet.


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