Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

NIQUET, Ferdinand, Henri

Né à Auxerre (Yonne) le 24 août 1866 — Graveur sur bijoux — Paris — Genève — Grande-Bretagne
Article mis en ligne le 3 janvier 2012
dernière modification le 22 octobre 2024

par Marianne Enckell, R.D.
Ferdinand Niquet

En août ou septembre 1886, Ferdinand Niquet, membre de La Jeunesse anarchiste de Belleville (XXe arrondissement) avait été, avec notamment O. Jahn, Tortelier, E. Bidault et Murjas, l’un des fondateurs de la Ligue des antipatriotes qui dès octobre avaut émis une circulaire invitant tous les groupes anarchistes de Paris et de province à former des sections et à constituer une “caisse de la grève des conscrits” pour aider les compagnons insoumis à passer à l’étranger.
Il fut suspecté d’être l’auteur en octobre 1886 du manifeste Aux conscrits d’abord tiré à 6000 exemplaires et largement diffusé à Paris et en province. Le manifeste, signé Les conscrits révolutionnaires de France se terminait ainsi : « … Vous souffrez de l’exploitation de l’homme par l’homme sous la forme militaire comme sous la forme patronale. Heureux ceux qui pourront déserter pour échapper aux tortures à subir et aux crimes à reconnaître ! Leur conscience sera tranquille ; mais si, ne pouvant fuir, vous endossez la tunique du soldat, si on vous oblige à marcher contre le peuple, souvenez vous que vous faites partie de ces ouvriers que l’on enverra massacrer ; répondez aux ordres sanguinaires de vos chefs, ces traîneurs de sabre, en leur envoyant le plomb de vos fusils. Ni Dieu, Ni Maître ! Vive la liberté ! ». (voir Portfolio).

A cette même époque, un indicateur écrivait à son propos : « C’est un petit bonhomme qui a de la volonté, du jugement et qui est assez froid. Il cherche à s’instruire et n’est pas trop maladroit ». (cf. APpo BA 1491).

Selon un rapport de police de décembre 1886, la Ligue compranit alors 5 ou 6 sections parisiennes : la section du XXe (ancien groupe la Jeunesse anarchiste de Belleville), la section du III et XIe (ancien groupe Les Enfants rouges), la section du IXe, la section du XVe (ancien groupe la Jeunesse anarchiste de Grenelle animé par O. Jahn), la section du XVIIIe (ancien groupe La Sentinelle révolutionnaire) et la section de Saint-Denis.

En février 1887, lors de son tirage au sort dans le XIe arrondissement, il avait fait imprimer un grand numéro (d’un journal ou d’un manifeste ?) orné d’un grand nombre de petits drapeaux rouges sur lesquels était inscrit « Plus d’armée ! Vive l’Internationale ! ».
Ce même mois de février1887, suite à un nouveau tirage et à l’affichage du placard Aux Conscrits, il fut poursuivi en mars avec Pierre Francia, Eugène Moreau et Deherme et se serait alors réfugié à Verviers en Belgique chez Ruwette ; le 23 juillet il fut condamné avec Moreau à 2 mois de prison et 100 francs d’amende, avec Georges Deherme condamné par défaut à un an de prison et 500 francs d’amende. En outre, avec Francia et Moreau, il avait été acquitté de l’accusation d’une agression contre un passant dans laquelle la police et la presse réactionnaire avaient tenté de les impliquer.
Lors de l’interrogatoire, à la question du président du tribunal qui leur avait demandé pourquoi ils avaient collé cette affiche, ils avaient répondu : « Nous croyons qu’il est temps que les jeunes gens ne portent plus les armes, que les peuples ne fassent plus la guerre au seul profit de la bourgeoisie exploitratrice de tous les pays ».

En septembre 1887 il avait été signalé lors d’une réunion du groupe Les Travailleurs communistes libertaires du XXe à la salle de la rue Henri Chevreau. Il participait égalemen, t aux réunions du groupe Les Libertaires du XXe (voir Louiche) tenues rue de Ménilmontant. Le 16 octobre 1887, en sortant de la réunion restreinte ayant suivi un meeting de solidarité avec les anarchistes de Chicago, salle Favié à Paris, il fut arrêté avec Émile Méreaux, et passa quelque temps en prison.

Fin 1887 il participait à la campagne abstentionniste menée lors des élections municipales à Paris. Il continuait par ailleurs de participer aux réunions des Travailleurs anarchistes du XXe et de la section locale des antipatriotes.

Déserteur du 37e Régiment de ligne de Nancy — dans un rapport daté du 1er janvier 1888, un indicateur indique qu’il vient par lettre d’en informer le groupe Les Libertaires du XXe —, il se réfugia en Suisse, d’abord à La Chaux-de-Fonds, Lausanne puis fin 1888 à Genève, d’où il fut expulsé en juillet 1889 avec Perrare, Bordat, Philippot, à cause d’une intervention tumultueuse de sa part lors d’une assemblée de déserteurs. Il obtint toutefois de rester à Genève avec un permis de séjour provisoire. En août il était considéré comme le secrétaire du groupe anarchiste français. En décembre 1890, il fut entendu par le procureur de la Confédération pour avoir affiché le 11 novembre « des pamphlets concernant les anarchistes de Chicago » (voir Ardaine).
Expulsé définitivement du canton de Genève en mai 1891, pour s’être montré violent lors de la manifestation du Premier Mai et pour instigation à la révolte, il rejoignit La Chaux-de-Fonds où il retrouva son ami Émile Bidault. Il fut peut-être un des auteurs de la brochure Les anarchistes et ce qu’ils veulent (1892), avec Albert Nicolet, Alcide Dubois et Jules Coullery.

Fin 1893 il fut impliqué dans la prétendue découverte d’une bombe au domicile de Von Gunten avec « Bidaux », mais tous deux étaient déjà en Angleterre en janvier 1894.et en septembre son nom et sa photographie figuraient sur une liste d’anarchistes établie par la police des chemins de fer en vue de la « surveillance aux frontières ».

Au début des années 1900 il fut inscrit aux états verts n°3 et n°4 des anarchistes disparus et/ou nomades dont fin mai 1915 il fut radié, n’étant plus considéré comme anarchiste.


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