Après avoir perdu l’audition à la suite d’une maladie à l’âge de 5 ans, Leonard Motler avait été scolarisé à l’école catholique Saint-John pour sourds et muets où il apprit le métier de typographe. Après avoir travaillé dans une imprimerie du Lancashire, il s’installa à Londres au début des années 1910, commença à s’intéresser au mouvement socialiste et collabora à l’organe socialiste The Clarion et aussi à Freedom anarchiste.
Dépité par la position de la plupart des socialistes au moment de la Première Guerre mondiale, il se rapprocha alors du mouvement libertaire et devint l’un des imprimeurs de Freedom. Parallèlement il établissait des contacts avec Sylvia Pankhurst qui animait la Workers Socialist Federation (WSF) et à laquelle il présenta sans doute son futur compagnon, l’anarchiste italien Silvio Cono. Il collaborait également à l’organe de la WSF The Workers Dreadnought et à The Voice of labour (1914-1916) de Fred Dunn et Marbel Hope. Après l’interdiction en août 1916 de ce dernier titre suite à la publication de textes contre la guerre, Motler et Georges Scates commencèrent à publier le mensuel Satire (Londres, n°1 décembre 1916), également opposé à la guerre, situé à la même adresse que Freedom et où Motler fut l’auteur de nombreux dessins et caricatures.
Contrairement à plusieurs compagnons anglais — dont Guy Aldred et Fred Charles — qui s’étaient enthousiasmé pour la révolution russe, il fut, selon Nicolas Walter, et dès la fin 1917, l’un des premiers à dénoncer et condamner le nouveau régime bolchévique.
En 1919 il était le responsable du « Propaganda group » formé à la suite de la conférence anarchiste tenu à Londres et qui édita plusieurs brochures, dont certaines traduites en chinois, Motler ayant sans doute utilisé ses connaissances de l’esperanto pour communiquer avec les compagnons chinois.
En 1919 (?), suite à une perquisition au domicile de Motler — 47 Crowndale Road à Camden — la police avait saisi l’ensemble de ses papiers, ses manuscrits, ses dessins, sa correspondance, ses machines, son stock de papier et l’ensemble des numéros parus de Satire, amenant la cessation du titre.
A partir de mai 1920 avec Scates, poursuivant le travail de Dunn et Marbel Hope, il reprenait le titre Labour’s Voice, imprimé à son domicile (Crowndale Road) et édité par le Liberty Group. Il éditait également une brochure du WSF. Il est possible, qu’à cette époque il ait adhéré au WSF auquel il continua de collaborer après sa transformation en Parti communiste de Grande-Bretagne.
En mai 1921 il émigra en Afrique du Sud où sa sœur s’était installée en 1913. Il y contacta plusieurs compagnons — dont l’ italien Bosazza et Hahne — et W. H. Andrews l’ éditeur de l’organe de l’International socialist labour party. Dans des lettres envoyées au compagnon Tom Keel, il y critiquait notamment l’oppression raciale qu’il avait pu constater dès son arrivée.
Installé à Johannesburg il adhéra au syndicat South African Typogaphical Union et participa à l’élaboration de son manuel pour imprimeurs. Il écrivit divers articles et poèmes pour The communist review du PC britannique et pour le magazine The African communist du PC sud-africain.
En 1923, revenant sur ses anciennes positions il se prononçait pour la dictature du prolétariat. Toutefois en avril 1925, dans une lettre à Tom Keel, et suite à un passage en Grande-Bretagne, il se montrait favorable à un projet — qui resta semble-t-il mort-né — de regroupement au sein d’une fédération révolutionnaire des divers groupes de la gauche communiste, anarchistes communistes, syndicalistes et anti parlementaires, réorganisés à partir des groupes de base et d’usines.
Il se peut qu’il ait par la suite adhéré au parti communiste sud-africain — il avait dédié l’un de ses poèmes à David Ivon Jones, l’un des fondateurs du parti — mais cela n’est pas certain.
Leonard Motler, qui gagna plusieurs prix lors de festivals sud-africains de littérature, est décédé à Johannesburg en 1967.
Œuvre : — Anarchism communism (1919 ?).