Pietro Ferrua avait adhéré à l’anarchisme à la Libération et en 1946 l’un des fondateurs de la fédération anarchiste de San Remo dont il fut le délégué au congrès régional tenu cette même année par la Fédération ligure. Venu étudier en France en 1948 il milita alors au Cercle libertaire des étudiants de Paris…
En 1953 il fut le cofondateur de la revue Senza limiti. Au début des années 1950 il fut avec les compagnons Angelo Nurra et Liberoso Gugliemi l’un des tous premiers objecteurs de conscience en Italie. Poursuivi et recherché il se réfugia à Genève en 1954 où il fut l’’un des organisateurs des premiers campings internationaux anarchistes — il avait notamment participé aux campings tenus à Cecina en 1953 et à Carrare en 1954 — dont celui de Salernes (en Provence) en 1955 où fut organisée la base d’une structure d’accueil et de solidarité avec les réfractaires. Ce réseau animé notamment par André Bösiger, allait faire passer un grand nombre de déserteurs ou insoumis français entre 1955 et 1962 et plus tard des militants algériens.
En 1957, avec Claudio Cantini, il éditait une nouvelle série du journal Il Risveglio (Genève, 23 numéros de 1957 à 1960) où il signait ses articles Vico. Cette même année 1957 Ferrua fut l’un des fondateurs à Genève du Centre international de recherches sur l’anarchisme (CIRA) puis l’année suivante de la section suisse de la Solidarité internationale antifasciste (SIA). Jusqu’en 1963 il fut membre avec notamment J.C. Favez, M. Enckell, J.J. Langendorf, A. Lepere et A. Thévenet du comité de rédaction du Bulletin du CIRA (Genéve, n°1 été 1957).
Expulsé de Suisse en 1963, il alla s’installer au Brésil où il fonda en 1965 à Rio de Janeiro le Centre brésilien d’études internationales et une section brésilienne du CIRA et participa aux activités du mouvement ce qui lui valut en octobre 1969 d’être arrêté par les militaires avec une quinzaine de compagnons, puis d’être expulsé en décembre vers les États-Unis.
Devenu enseignant à l’Université de Portland (Oregon), et suite à une conférence donnée au Cercle de philosophie, il y fut chargé d’un cours supérieur sur l’Anarchisme. En 1980 il y fut l’un des organisateurs d’un Symposium international sur l’anarchisme. En 1982 il collabora à la fondation de l’éphémère Institut « Anarchos » de Montreal (Canada) et en 1984 fut le rapporteur de la session Art et anarchie lors de la rencontre internationale de Venise.
A partir de 1987, il abandonna l’enseignement pour se consacrer à la diffusion de l’anarchisme et notamment de ses rapports avec l’art, en tant que conférencier et essayiste.
Pietro Ferrua, qui est père de deux enfants, est également un traducteur international émérite et a collaboré à un grand nombre de titres de la presse libertaire internationale dont Informations et réflexions libertaires (Lyon), Bulletin du CIRA (Genève), Le Libertaire (Paris), Le Monde Libertaire (Paris) Itinéraire, Potlacht, Anarchist review (Londres), Social anarchism (USA),
Il est décédé à Portland le 28 juillet 2021.
Œuvre : — Le développement des théories anarchistes dans la Chine ancienne (Genève, 1955) ; Anarchists in films (1980) ; — Surréalisme et anarchie (Le Monde Libertaire, 1982 & ACL, 1992) ; John Kenneth Turner : A Portlander in the Mexican revolution (1983) ; Ricardo Flores Magon e la rivoluzione messicana ; — Un anarquista en la Revolución Mexicana : praxedis G. Fuerrero ; — Realismo e anarquismo na obra e na vida de Gustave Courbet ; — Entretiens sur le lettrisme (avec Maurice Lemaître, 1985) ; — Ode à l’anarchie : sonate en cinq mouvements, pour piano, tambours, téléphone, fusils et acteurs (1985) ; — Anarchists seen by painters (1988) ; — Hommage à des artistes anarchistes. (pour une bibliogr. complète voir le site Raforum).