Auguste Beaudouin était amputé de l’avant-bras gauche, une mutilation qualifiée de volontaire par la police pour échapper au service militaire. Brocanteur à son compte, il avait été arrêté à Nancy en août 1897 en tentant de vendre des objets provenant d’un vol commis en juillet précédent. Lors de son internement à la Maison d’arrêt de Nancy et lors du procès en Cour d’Assises au printemps 1898, il avait manifesté des opinions anarchistes et avait été condamné à 5 ans de prison et 10 ans d’interdiction de séjour pour « complicité de vol qualifié par recel ».

Interné à Clairvaux à compter du 1er mai 1898, il était rapidement signalé comme « faisant de la propagande auprès des autres détenus » ce qui lui valut d’être mis en cellule. Les gardiens avaient trouvé sur lui un libelle daté du 11 février 1898 et signé de son nom où il était notamment écrit : « Messieurs les magistrats je vous maudit, vils monstres infernaux, lâches inquisiteurs. Tremblez tyrans, car nous autre bandit, sur vous allons passer notre fureur avec des bombes et de la dynamite allons faire le rôle d’ange exterminateur… »