Dictionnaire international des militants anarchistes
Slogan du site

Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

JACOT, Charles, Émile

Né à Allejoie (Doubs) le 14 août 1857 — mort le 9 décembre 1925 (?) — Ouvrier horloger ; colporteur, ; indicateur de police — Paris
Article mis en ligne le 11 septembre 2017
dernière modification le 14 août 2024

par R.D.
Charles Jacot

Le 16 août 1893, Charles Jacot comparaissait devant la 3e chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Il était poursuivi pour infraction à un arrêté d’interdiction de séjour pris en 1892. Cette affaire était sa douzième condamnation pour mendicité et vagabondage.

Il fut condamné à 6 mois de prison et à la peine de relégation. La peine prononcée, Jacot s’écria : « Vive l’anarchie ! Tout pour la révolution sociale ! À bas la police ! »

Il avait été arrêté au moment où il recueillait des souscriptions pour publier « les œuvres complètes » du candidat « académicide » Achille Leroy. En échange de leur obole, il promettait aux souscripteurs le compte-rendu des visites de Leroy chez les académiciens et le texte du discours qu’il avait prononcé sur les marches du Panthéon.

Jacot racontait que s’il n’avait pas déféré aux prescriptions de l’arrêté d’interdiction de séjour, c’était que la police le lui avait demandé, le jugeant plus utile à Paris. Menacé de relégation s’il ne travaillait pas pour la police, il dut accepter d’être indicateur. En mai 1893, il entrait en relation avec Hamard, secrétaire du contrôle de la Préfecture de police. Durant une vongtaine de jours, il fit des comptes rendus de réunions publiques pour lesquels il reçut la somme de 65 francs. Dès sa rupture avec la police, il fut arrêté. Le 25 septembre 1893, il comparaissait devant la cour d’appel, se défendant seul. La peine de 6 mois de prison était confirmée mais il n’y avait pas lieu de maintenir la relégation. Jacot accueillit la lecture du jugement en criant : « Honneur aux magistrats indépendants et libres ! A bas la police ! » Puis il se retira enchanté en saluant la cour.

Incarcéré à la Santé, il ne fut libéré que le 10 janvier 1894, jour de la condamnation de Vaillant.

Charles Jacot demeurait rue Quincampoix à Paris où il avait été arrêté le 8 mars 1894 et avait été inscrit au Fichier Bertillon comme anarchiste avant de bénéficier d’un non-lieu. Le 28 avril 1894 il fut condamné à 3 ans de prison pour infraction à un arrêté d’interdiction de séjour (de mars 1892). A l’automne 1894, depuis la centrale de Poissy où il travaillait à l’atelier de cordonnerie, il écrivait au procureur et au Président de la République pour leur proposer de révéler diverses informations sur divers militants (dont Vaillant, Henry) et sur des attentats ou autres affaires criminelles qui selon lui étaient de la responsabilité de la police et de ses provocateurs.

Le 17 octobre 1897, il était arrêté à son domicile, rue de Bièvre, par les agents de la 3e brigade des recherches, pour infraction à un arrêté d’interdiction de séjour et conduit au dépôt, malgré un appel du 28 août 1897 qui avait annulé la relégation.

Charles Jacot qui, entre 1892 et 1901 avait été condamné à 7 reprises à des peines allant de 1 mois à 3 ans de prison et en 1901 était interné à l’asile d’aliénés de Bicêtre. Un certain Eugène Besson (ancien interné de Bicêtre) avait à l’été déposé une requête pour obtenir sa libération, requête repoussée par les autorités en raison de la « débilité mentale avec idées de persécutions » dont souffrait Jacot.

Il fut l’auteur, sous le nom Jako de Bicêtre, de la brochure « L’anarchie policière, 1891 à 1894 : mémoires d’un séquestré ; les dessous des affaires Ravachol et Vaillant » éditée par Besson et où il dénonçait diverses provocations policières. Dans cette brochure il disait avair été obligé en 1893 de faire des rapports à la police sur des réunions, puis, après avoir rompu avec les services de police, avoir été constamment séquestré en prison.

Le 25 mars 1902, l’ordre de sortie de Jacot, détenu à Bicêtre comme fou, était signé par le docteur Féré mais la préfecture de police s’y opposa. En août 1902, il était toujours interné à Bicêtre. Charles Malato, à l’occasion d’une série d’articles parus dans L’Aurore sur les détentions arbitraires dans les asiles, attira l’attention sur le cas de Charles Jacot.

Il s’agit sans doute du Jacot qui, au début 1893, avait proposé de publier un journal intitulé Pain et dynamite.

Jean Grave dans ses mémoires déclara : « Cependant, je le répète, personne, parmi nous, n’a jamais entendu parler de ce Jacot ».


Dans la même rubrique

JACQUEMART, Jean-Baptiste, Eugène

le 29 septembre 2024
par R.D. ,
Dominique Petit

« JAIME »

le 23 août 2024
par R.D.

JACOB, Henri, Joseph

le 23 août 2024
par R.D.

JACOB, Heinrich

le 24 juillet 2024
par R.D.

JACOB, Georges, Gustave

le 24 juillet 2024
par R.D.