Au début des années 1890 le jeune Victor Simonin, né de parents français — un artiste dramatique décédé, et une ouvrière corsetière chez qui il vivait — était fiché comme « anarchiste convaincu » faisant de la propagande et participant aux réunions. A cette époque il suivait les cours du conservatoire.
Le 23 décembre 1893, lors de la représentation de la pièce « L’ennemi du Peuple » au Théâtre du Parc, avec un groupe de compagnons de la Jeune Garde socialiste dont Massin, il avait distribué l’imprimé Le Chant des antipatriotes (voir portfolio), crié « Vive l’anarchie ! », avait été expulsé de la salle et était sorti en chantant Ni Dieu ni maître. Inculpé le 9 janvier 1894, il avait été l’objet le 20 janvier d’une perquisition où la police avait saisi les mprimés Pourquoi sommes nous anarchistes d’Elsée Reclus, La nécessité de la révolution de Jean Richepin et La Famille de Léon Cladel. Il fut condamné le 22 février suivant à 50 francs d’amende ou, à défaut de payement, à 15 jours de prison (sursis de 3 ans) pour avoir distribué Le chant des antipatriotes un imprimé qui ne portait ni le nom, ni l’adresse de l’imprimeur. Début avril 1894 il fut hospitalisé après s’être blessé à la main gauche en manipulant un revolver. Le 12 avril suivant, poursuivi pour “délit d presse”, Simonin, décrit par la presse comme un « jeune anarchiste chevelu à figure de chérubin », était condamné par contumace par la Cour d’assises du Brabant à 3 mois de prison et 50 francs d’amende pour « provocation à la désobéissance ». Il avait alors disparu de son domicile, se serait réfugié à Paris, avant de se constituer prisonnier le 7 juillet suivant à Bruxelles et d’être remis en liberté le 10 juillet. Il avait alors été hébergé chez le compagnon Romain Vandenbrugge avant de retourner vivre chez sa mère, 57 rue de l’Enseignement à Bruxelles. Le 3 septembre il s’était rendu à la prison de Sait Gilles pour y subir sa peine jusqu’en décembre suivant. Revenu chez sa mère, il ne fréquentait plus personne, selon, la police, et trouvait un emploi de violoniste à l’orchestre de l’Alcazar.
En 1896 il déménageait à Schaerbeek, où dès 1903 il semblait « ne plus s’occuper d’anarchie ». Il état alors semble-t-il, artiste peintre et vivait avec sa compagne dans « un état voisin de la misère ».