Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

FEDELI, Ugo “Hugo TRENI” ; “G. RENTI” ; “Hugo WERNY”

Né à Milan le 8 mai 1898 — mort le 10 mars 1964 — Ouvrier spécialisé ; publiciste ; bibliothécaire — FAI — Milan (Lombardie) — Berlin — Paris — Montevideo
Article mis en ligne le 10 mai 2007
dernière modification le 9 août 2024

par R.D.
Ugo Fedeli

Né dans une famille pauvre, Ugo Fedeli avait commencé à travailler très jeune et ne complétera sa formation professionnelle qu’en suivant des cours du soir d’une école technique. Très rapidement membre des groupes de jeunes libertaires de Milan qui animaient à l’époque de la guerre de Lybie une campagne antimilitariste, il y devint l’ami de quelques militants à peine plus âgés que lui, dont Francesco Ghezzi et Carlo Molaschi. Bien que formé dans le milieu individualiste, majoritaire à Milan, à cette époque et dont les principaux représentants étaient C. Molaschi, Leda Rafanelli et Giuseppe Monanni, Ugo Fedeli se mêlait aux luttes sociales et sa participation en 1913 à une grève organisée par l’USI lui valait sa première arrestation et le fichage par la police comme « anarchiste dangereux ». A la veille de la première guerre mondiale, il était, avec Mantovani, Franceschelli, Monteverdi, Rafanelli et Molaschi, l’un des animateurs du journal Il Ribelle (Milan, 9 numéros du 24 octobre 1914 au 20 mars 1915) dont le gérant était Giovanni Fontanelli, qui appuyait les anarchistes non-interventionnistes, et où il publiait son premier article « Abbasso la guerra ». Il fut à cette époque poursuivi à plusieurs reprises pour ses actions antimilitaristes.

En 1917, après avoir travaillé quelques mois comme ouvrier militarisé, il était appelé sous les drapeaux et très vite, au nom de “principes tolstoiens” désertait. Passé en Suisse où il retrouvait de nombreux militants milanais, il y était impliqué dans le complot dit « des bombes de Zürich » mais était relâché au bout de quelques semaines de prison.

Revenu en Italie en novembre 1919, il était amnistié en 1920. En juillet 1920 il épousait Clélia Premoli qu’il avait rencontré avant guerre et qui le secondera toute sa vie. Il fut ensuite l’un des fondateurs et correspondants du quotidien Umanità nova où il rencontra pour la première fois Luigi Fabbri avec lequel il allait lier une profonde amitié. Puis il fut membre de la rédaction de la revue Nichilismo (Milan, 5 avril 1920 au 5 mars 1921) organe des militants individualistes dont le gérant était Giuseppe Invernizzi. Il fondait ensuite, après l’attentat du théâtre Diana, la revue L’Individualista (Milan, 4 numéros du 1er février au 16 mars 1921) dont le gérant était Eugenio Macchi et les rédacteurs F. Ghezzi, Pietro Bruzzi et Fedeli.

En avril 1921, pour échapper aux fascistes, il s’exilait et gagnait Berlin avec Pietro Bruzzi, un de ses anciens collaborateurs. Très vite il y rencontrait Francesco Ghezzi avec qui, et sous le nom de « Alfred Fidler », il gagnait Moscou où avec Ghezzi et Bruzzi il allait représenter l’USI au congrès de l’Internationale Syndicale Rouge (ISR). Logé à l’hôtel Lux, il rencontrait Alexandre Berkman, Emma Goldmann et les quelques militants russes encore en liberté. Il regagnait très vite Berlin où il participait comme délégué des anarchistes russes au congrès de fondation de l’AIT ce qui lui vaudra d’être arrêté. Après avoir travaillé à Berlin comme charbonnier puis dans une imprimerie, il partait en 1924 pour Paris où, sous le nom de « Hugo Treni » il allait fréquenter de nombreux compagnons russes exilés dont Nestor Makhno et Voline. Il participait alors aux débats sur la Plateforme d’organisation de l’union générale des anarchistes (dite Plateforme d’Archinov). Il était avec S. Faure, Ferrandel et B. Durruti l’un des fondateurs de la Librairie Internationale, des Éditions anarchistes et de La Revue Internationale Anarchiste (Paris, 8 numéros du 15 novembre 1924 au 15 juin 1925) où il était plus particulièrement responsable de la partie italienne de cette revue trilingue. Il participait également aux campagnes en faveur des militants –dont F. Ghezzi- emprisonnés en URSS ainsi qu’à celles en faveur de Castagna, Bonomini, Sacco et Vanzetti.

Après l’attentat commis en juin 1924 par les fascistes contre Giacomo Matteoti, fut constitué à Paris un Comitato d’azione antifascista réunissant socialistes, républicains et anarchistes ; ces derniers y étaient représentés par U. Fedeli, E. Abate, Alberto Meschi et A. Borghi. Il collaborait également à l’élaboration de L’Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure.

Ai printemps 1926 il fut suspecté avec entre autres Luigi Cavadini, R. Siglich, Pierre Nouque et Jean Baptiste Bucco d’avoir projeté un attentat contre l’ambassadeur d’Italie à Paris. il était alors fiché par la police française sous le nom de « Hugo Werny » (né à Minsk en Pologne).

En octobre 1927, avec Luigi Fabbri et Camillo Berneri, il fut le rédacteur du bi-mensuel La Lotta umana (Paris, 1er octobre 1927- 18 avril 1929) dont le gérant était Séverin Férandel. Les trois rédacteurs furent arrêtés puis expulsés de France, puis de Belgique, en 1929. Ugo Fedeli gagnait alors, avec sa compagne Clelia, l’Uruguay où il continua de militer à Montevideo où il retrouvait Luigi Fabbri qui s’y était réfugié et où tous deux fondaient la revue Studi Sociali (Montevideo-Buenos Aires, 1ere époque, 40 numéros du 16 mai 1930 au 15 mai 1935). En décembre 1933, il était arrêté à Montevideo avec trois autres compagnons — Antonio Destro, Giuseppe Barca et Giulio Stephani —, extradé avec eux par les autorités uruguayennes sur le navire Oceania et remis aux autorités italiennes qui en 1935 le condamnaient à cinq ans de relégation. Il fut tour à tour interné à Ponza, Colfiorito, Monteforte Irpino et Ventotene. C’est au cours de son incarcération, que son fils âgé de huit ans décédera.

Dans l’immédiate après guerre il était le secrétaire de la Fédération anarchiste communiste libertaire, puis de la Fédération Anarchiste Italienne (FAI). En 1951 il travaillait comme bibliothécaire et responsable des activités culturelles de l’entreprise Olivetti et allait rédiger un grand nombre d’ouvrages historiques sur l’anarchisme. De 1944 à 1962 il allait être l’organisateur d’un grand nombre de congrès et conférences anarchistes (sur la révolution russe, la révolution espagnole, l’histoire de la Première Internationale, le mouvement ouvrier, etc.) et allait collaborer à la plupart des titres de la presse anarchiste italienne et internationale.

Ugo Fedeli avait constitué un important fonds d’archives qui à sa mort à Ivrea le 10 mars 1964 sera versé à l’Institut d’Amsterdam.

Œuvres : — Da un guerra all’ altra : brani di un rivoluzionario (mémoires) ; — Fabbri e il suo primo incontro col Malatesta (in « Universo », Toulouse, n°2, décembre 1946) — Luiggi Fabbri (Turin, 1948) ; — Dogma, sciencia e metodo nel pensiero malatestiano (Pise, 1949) ; — Dalla insurrezione dei contadini in Ucraina alla revolta di Krondstadt (Milan, 1950) ; — Bibliografia malatestiana (Naples, 1951) ; — Appunti sulla plattaforma anarchica (Toulouse, 1951) ; — Luiggi Molinari e gli avvenimenti del 1874 a Carrara (1952) ; — Il movimento anarchico a Carrara (Naples, 1952) ; — Bibliografie di giornale, reviste, numeri unici anarchici stampati in italiano dal 1914 al 1952 (Toulouse, 1953) ; — Gigi Damiani (Cesena, 1954) ; — Storia del movimento operaio (Ivrea, 1955) ; — Storia sociale del Mexico (Ivrea, 1956) ; — Luigi Galleani, quarant’anni di lotta rivoluzionaria (Cesena, 1956) ; — Nestor Machno, la lotta libertaria nella rivoluzione russa (Milan, 1956) ; — E. Armand, il suo pensiero e la sua opera (Florence, 1956) ; — Breve storia dell’Unione sindacale italiana (in « Volontà », n°9-10-11, 1957) ; — Un viaggio alle isole Utopia (Ivrea, 1958) ; — Giovanni Gavilli, 1855-1918 (Florence, 1959) ; — Un decennio di storia italiana, 1914-1924 (Ivrea, 1959) ; — Momenti e uomini del socialismo anarchico in Italia, 1896-1924 (in Volontà, n°10-11, 1960) — Congressi e convegni, 1944-1962 (Gênes, 1963).

Ugo Fedeli a également collaboré à un très grand nombre de titres de la presse libertaire dont, outre les titres cités dans la notice : Il Risveglio anarchico (Genève, années 1920), Anarchismo (Pise, 1922), L’Agitazione a favore di Castagna e Bonomini (Paris, 1924), L’Idée anarchiste (1924), Liberta (Buenos Aires, 1925), La Lotta umana (Paris, 1927-1929), Primo Maggio (Paris, 1928), Olocausto (Forli, 1947), Il Pensiero (Rome, 1950), Cenit (Toulouse, années 1950), La Lotta umana (Palerme, 1951), Volontà (Naples).


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