Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

FABRE, Christian

Né en 1951 à Paris — mort le 10 juin 2023 — Ingénieur & Professeur de chimie — Rennes (Ille-et-Vilaine) — Paris — San Francisco — Lille (Nord)
Article mis en ligne le 13 mai 2024
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.
Christian Fabre

Né dans une famille bourgeoise d’origine nantaise, Christian Fabre avait été élevé dans des établissements catholiques de Nantes, puis de Rennes et Paris. pour des études d’ingénieur chimiste. C’est à Rennes qu’il avait découvert les idées libertaires. A son arrivée à Paris à la fin des années 1960, il avait adhéré brièvement à la Fédération anarchiste avant de contacter le groupe éditeur d’Informations et correspondance ouvrières (Paris, 1960-1973) de P. Blachier et à la revue conseilliste Echanges et mouvement (Hilversum-Londres- Paris, 1975 —) d’Henri Simon. Il était également en contact avec la revue Survivre et vivre (Montreal-Paris, 1970-1974) d’Alexandre Grothendieck,

Après un service militaire comme professeur de sciences physiques à Oujda (Maroc) de 1977 à 1979, il s’installait en 1979 à Lille où il allait militer dans le groupe Commune libre regroupant les différentes tendances de l’anarchisme local. Il collaborait au journal des libertaires de la région Nord-Picardie L’Aminoir (Lille, 4 numéros de mars 1980 à janvier 1981, puis 2 numéros au printemps 1982 et hiver 1983) dont le responsable était Claude Vignier.

Début 1980 il était le responsable de la librairie-imprimerie de l’association Commune libre et espace social (CLES) dont le siège, se trouvait 14 rue Jacquemars-Giélée, puis 23 rue de Fontenoy et dont les responsables étaient de Claude Vigner (président), Jean L. Verhaege (vice président), Michel Cornille (secrétaire) et C. Dunois (trésorière). L’association publia un bulletin interne Commune libre (6 numéros, 1980-1982) auquel il collabora activement.

En ce début des années 1980 il participait également activement aux luttes anti-nucléaires (notamment contre la centrale de Chooz) et aux mobilisations antimilitaristes et antifascistes. Toutefois, à cette époque, son soutien, comme plusieurs libertaires dont Chomsky, et Gabriel Cohn-Bendit, au nom de la liberté d’expression, au négationniste Robert Faurisson et à Pierre Guillaume avec lequel il était en contact, allait entrainer de nombreuses polémiques justifiant ce que l’OCL, à propos du mouvement à Lille, qualifiera du « mouvement le plus merdique de France ». A ce propos il écrivit le livre « Débats avec quelques camarades Lillois » (non publié).

De 1986 à 1989 il enseigna au lycée français de San Francisco comme professeur de physique chimie et y rencontra plusieurs militants dont Pierre Lanneret (1921-1993) ancien membre du groupe trotskiste International socialism puis fondateur en 1976 à San Francisco du groupe libertaire A World to win.

De retour en France en 1995 lors de la grève contre la réforme des retraites, il participa activement au comité de liaison usagers-grévistes, regroupant syndicalistes et libertaires de la métropole.

Lors du mouvement des gilets jaunes (décembre 2018) il fut l’un des principaux contributeurs du journal Gilet jaune-Colère noire (Lille, 8 numéros)

Après avoir participé au mouvement de 2023 contre la réforme des retraites, Christian Fabre, qui se définissait comme communiste libertaire et s’était souvent heurté à plusieurs militants anarchistes de Lille, dont certains le qualifièrent de « marxiste » et aux organisations (FA et CNT), est décédé à Lille en juin 2023.

Bien qu’opposé au mariage « La vieille roulure [la bourgeoisie] a même réussi à emprisonner la liberté d’aimer dans l’appropriation sordide d’un contrat de mariage, à emprisonner nos passions par le mensonge et la jalousie », écrivait il en 1976, Christian Fabre était avait épousé Evelyne Leflon dont il avait trois enfants. Cependant c’est sous les préceptes de la camaraderie amoureuse d’E. Armand qu’il avait construit son couple.

Chistian Fabre qui considérait Guy Debord comme « son maître », avait utilisé entre autres le pseudonyme de Sébastien Leclos pour certains de ses écrits. En plus d’être un intellectuel, il savait utiliser ses mains et avait entièrement restauré (plomberie, électricité, carrelage, etc.) la vieille maison qu’il avait pu acquérir, appliquant les préceptes de Kropotkine (que par ailleurs il n’appréciait pas pour ses positions pendant la guerre de 1914-1918) : « Loin d’être inférieur aux jeunes gens spécialisés, fabriqués par nos universités, l’être humain complet, exercé à se servir de son cerveau et de ses mains, les surpasse au contraire sous tous les rapports, en particulier comme initiateur et inventeur dans le domaine de la science et de la technique. » (cf. Kropotkine « Champs, usines et ateliers).

Les archives de Christian Fabre concernant l’anarchisme et l’ultra-gauche (36 cartons) ont été déposées au CIRA de Marseille et celles concernant le fascisme et le négationnisme (6 cartons) dans un Centre de documentation anti-fasciste.

Œuvre : — La Critique du travail (inédit).


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