Dès l’adolescence Lorenzo Gamba était entré en contact avec le mouvement libertaire et avait adhéré au groupe « Pietro Gori » de Savone. En 1909 il fut l’un des organisateurs de conférences de P. Binazzi et V.S. Mazzoni. En 1911 il fut arrêté pour « cris séditieux et violences contre la force publique ». Appelé sous les drapeaux en septembre 1915, il était envoyé sur le front de Gorizia et était blessé. Revenu à Savone à la fin de la guerre, il fut l’un des organisateurs le 3 août 1920 d’une manifestation au cours de laquelle deux ouvriers furent tués et de nombreux autres blessés. Il participa ensuite au mouvement d’occupation des usines. Arrêté, il fut condamné à l’été 1921 à quatre ans de prison.
Libéré en novembre 1924, il retournait à Savone où en 1925 il épousait Libera Giovanna Oddera. En décembre 1926 il était condamné à trois ans de confinat, mais parvenait à s’échapper et à gagner la France par mer. Docker à Marseille, il était impliqué dans une affaire de vol, condamné à quatre mois de prison et expulsé. Installé à Charleroi en Belgique il y établissait d’étroits contacts avec des militants réfugiés comme Gigi Damiani, Giuseppe Bifolchi ou Gelindo Zanasi. En 1928 il s’installait à Seraing-sur-Meuse et militait au groupe anarchiste local. Il était inscrit au bulletin de recherche des autorités fascistes comme « élément très dangereux pour l’ordre national et l’État ».
En 1931 il revenait en France d’abord à Troyes (Aube), puis à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) et enfin à Paris où, sous une fausse identité, il allait collaborer avec la plupart des militants les plus conus de l’émigration anarchiste italienne (Berneri, Marzocchi, Casella. etc). Fin 1932 il était condamné à quatre mois de prison pour “infraction au décret d’expulsion”. Il participait les 11-12 novembre 1933 au congrès des réfugiés italiens de Puteaux réunissant de nombreux délégués de la région parisienne, du Havre, de la Savoie, de Nice, de Cannes et de la Suisse et où il fut décidé la publication du journal Lotte sociali (Paris, 8 numéros du 15 décembre 1933 à février 1935) dont le responsable était Leonardo Mastrodicasa Numitore puis Virgilio Gozzoli et le gérant Jean Girardin. En 1935 il rompait tous liens avec son épouse restée en Italie et devenait le compagnon de Jeanne Mignon.
Lors de la déclaration de guerre il se serait porté volontaire dans l’armée française. En 1940 il était interné au camp de Rolland Garos puis était transféré au camp du Vernet d’Ariège. Le camp était divisé en trois quartiers (A, B, C) où furent internés de nombreux militants de toutes nationalités. Pietro Montaresi qui y fut également interné 16 mois avant d’être livré aux autorités italiennes, témoigna :« Au quartier A, il y avait Bezicheri de Pescaro et un Toscan dont je me souviens pas le nom. Au quartier C se trouvaient Umberto Tomasini de Trieste et Léo Campion de Bruxelles ; enfin au quartier B où je me trouvais moi-même il y eut Rambaldi, Merli, Gregori, Ludovici, Gamba et Ernestan. Par la suite nous avons eu avec nous Ugi Berardi, Olindo Zornari de Bologne et Ramella qui est mort à la Seyne-sur-Mer ». En novembre 1941 le journal libertaire Quelque part en Suisse signalait qu’il était sur le point d’être extradé vers l’Italie avec d’autres militants comme Tonino Persici, G. Zanadi, Astolfi et P. Montaresi. Le mois suivant il était extradé et remis aux autorités italiennes qui le condamnaient à cinq années de confinat. Il était interné à Ustica puis à Corropoli, et lors de la chute du fascisme, comme beaucoup d’autres internés anarchistes, au camp de Renicci d’Anghiari.
Libéré en septembre 1943, il retournait à Savone puis après guerre à Paris où dans les années 1950 il allait servir de liaison entre la tendance de G. Fontenis à la Fédération Communiste Libertaire et les groupes italiens réunis sous le sigle GAAP (Groupes anarchistes d’action prolétaire). Après l’échec des GAAP, il réintégrait la Fédération anarchiste italienne (FAI) et était membre du groupe « Malatesta » de Pegli avec d’autres vétérans du mouvement libertaire comme C. Stanchi, L. Dall’Olio, C. Piana, V. Grassini et G. Prigigallo. En juin 1961 il participait au congrès de la FAI tenu à Rosignano Solvay. A sa retraite, il rentrait définitivement en Italie en janvier 1962 et s’installait à Pegli. Toujours actif au début des années 1970, il rééditait en 1971, à son propre compte, une série d’articles de Luigi Fabbri. Lorenzo Gamba est décédé à Albisola (Savone) le 12 mai 1977.