Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

GARNERY, Auguste “GARNO”

Né le 3 juillet 1865 à Roche-et-Raucourt (Haute-Saône) — mort le 21 avril 1935 — ouvrier bijoutier — AIA — CGT
Article mis en ligne le 9 juillet 2007
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.

De 1901, date de constitution de la Fédération de la Bijouterie CGT dont il sera le secrétaire, à 1910 Auguste Garnery « Garno » allait être un militant syndicaliste révolutionnaire très actif. Peu orateur, il était par contre plein d’allant et, selon Monatte « s’y entendait pour faire repartir une grève qui s’enlisait : un “pétard” déposé un soir sur le rebord de la fenêtre d’un représentant du patronat ranimait les énergies et redonnait confiance ».

Le 31 mai 1905, tout comme Almereyda, André de Blasus ou Anna Mahé, il fut arrêté et poursuivi pour avoir manifesté et hué le roi d’Espagne lors de sa visite à Paris.

Il fut plusieurs fois condamné pour faits de propagande et notamment impliqué dans le procès intenté en décembre 1905 à 28 dirigeants de l’Association Internationale Antimilitariste (AIA) pour l’affaire de “l’affiche rouge« Aux conscrits (voir Sadrin) où il fut condamné à 15 mois de prison et 100f d’amende tandis que Georges Yvetot, secrétaire de l’AIA, était condamné à 3 ans de prison et 100f d’amende. Lors de sa défense il avait notamment déclaré que la patrie « n’était qu’une idole sans valeur, un mot vide de sens. Je n’admets pas que l’armée vienne dans les grèves à l’aide du capital contre les misérables et qu’on donne du plomb à ceux qui demandent du pain”) (cf. Le Libertaire, 6 janvier 1906).

A l’automne 1907, il était membre avec entre autres P. Delesalle, Bled, Castagné, Merheim et R. de Marmande (voir ce nom) du bureau du groupe dit de La Liberté d’opinion, formé début 1906 pour aider financièrement les détenus politiques et leurs familles.

A partir de 1904 il fut de tous les congrès nationaux : délégué au XIVe Congrès — 8e de la CGT —, Bourges, septembre 1904, où il représentait la bijouterie. Il assista au XVe Congrès et conférence des Bourses du Travail tenu à Amiens du 8 au 16 octobre 1906 comme représentant de la Fédération de la bijouterie-orfèvrerie et des professions s’y rattachant et signa l’ordre du jour syndicaliste présenté par V. Griffuelhes. Il assista enfin aux XVIe (Marseille, octobre 1908) et XVIIe congrès (Toulouse, octobre 1910) où il représentait divers syndicats de bijoutiers. En 1908 il remplaçait G. Yvetot, qui avait été arrêté le 1 août, au secrétariat de la Fédération des Bourses du Travail : après les grèves à Draveil et Villeneuve-Saint-Georges où la troupe avait ouvert le feu sur les grèvistes les 3 juin et 30 juillet et l’emprisonnement du bureau de la CGT, il avait fait partie du bureau provisoire qui allait organiser le 10e congrès confédéral tenu à Marseille.

Il avait été élu conseiller prud’homme du département de la Seine le 17 décembre 1905, poste qu’il exerca pendant quelques années.

Retiré à Saclas (Seine-et-Oise), il tenta vers la fin 1909 l’élevage des porcs. Ce fut un échec et il organisa alors avec son neveu, le ramassage des lapins, poules et canards. L’affaire prospéra et devint une entreprise très moderne. Avant et pendant la guerre de 1914 il fut acheteur aux Halles de Paris pour le compte de la Coopérative parisienne “La Belleviloise”. En 1916 il fut l’un des signataires du Manifeste pour la Paix.

Selon Julien Toublet (interview du 15 mai 1986) il aurait participé dans les années 1920 à un projet d’attentat contre le roi d’Espagne Alphonse XIII.

En 1925 il appartint au noyau de La Révolution prolétarienne dès le n°1 (1er janvier 1925) regroupant autour de P. Monatte les syndicalistes révolutionnaires et anarchosyndicalistes restés fidèles à l’esprit de la Charte d’Amiens. En août il se déclarait « favorable à la reconstruction de l’unité syndicale » possible « si l’on accepte de repartir de la base en passant par dessus les appareils directeurs ».

Auguste Garbery est mort à Saclas (Essonne) le 21 avril 1935.

Selon la nécrologie parue dans Le Populaire (16 avril 1935) il était « très énergique, de toute bonté, toujours prêt à rendre service » ce qui lui valut « d’être plus d’une fois victime de son grand cœur ».


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