C’est en Tunisie qu’Emanuele Granata, qui y était arrivé enfant avec ses parents, était devenu anarchiste. Vers la fin des années 1920 il était expulsé suite à ses activités et se réfugiait en Espagne sans doute lors de la proclamation de la République. Il venait ensuite en France où le 5 décembre 1931 il était arrêté à Briançon (Hautes-Alpes) : lors de la perquisition de la chambre qu’il occupait 35 rue de Citeaux avec les compagnons Ulisse Merli et Edmondo Lelli, la police trouvait des explosifs. Toutefois, lors du procès le 8 janvier 1932, il bénéficiait d’un non-lieu mais était expulsé.
Granata partait alors pour le Maroc espagnol où en avril 1932 il était arrêté à Melilla lors de manifestations et interné 26 jours au fort Maria Cristina avant d’être transféré en Espagne d’où il était immédiatement expulsé. Le 30 juin 1932 il était condamné par le tribunal de Ceret (Pyrénées-Orientales) à deux mois de prison pour infraction à l’arrêté d’expulsion.
En 1935 il était de nouveau en Tunisie où il fréquentait les compagnons Giovanni Puggioni et Vincenzo Mazzone. Le 6 février 1936 il était condamné à Marseille à trois mois de prison pour infraction à l’arrêté d’expulsion. A sa libération il partait pour l’Algérie où les agents de la police fasciste italienne le soupçonnaient de préparer un attentat contre Mussolini. En août 1936, avec l’aide de Giuseppe Pasotti, il gagnait Barcelone et s’enrôlait dans la colonne italienne commandée par le républicain Mario Angeloni et formée d’une grande majorité de militants anarchistes. Il combattait sur le front d’Aragon à Monte Pelato, Tardienta et Almudévar et il était faussement donné pour mort en février 1937. Lors des affrontements avec les staliniens en mai 1937, il participa, aux cotés notamment d’U. Marzocchi, de Conrado Perissino et du militant argentin Verde, à la défense du local du Comité de défense de la Place d’Espagne.
Vers la fin 1938 il rentrait France et gagnait Paris après avoir évité d’être interné dans un camp. Le 5 février 1939, muni d’un passeport délivré par l’ambassade de la République espagnole, il gagnait Bruxelles où en mai il était arrêté avec le compagnon Orlando Luciani et expulsé au Luxembourg. Revenu à Bruxelles en octobre 1939, il s’engageait ensuite comme volontaire dans l’armée française où il était encore à la mi 1940. Puis il se réfugiait en Tunisie où en octobre 1941 il était arrêté par les autorités de Vichy et interné au camp d’El Kef avec Maurizio Valenzi, Ruggero et Loris Gallico, Pietro Bongiovanni, Silvano Bensasson et d’autres antifascistes. Il était toujours dans ce camp en mars 1942.
En 1947 il se trouvait à Milan en contact avec la FAI et passait une petite annonce dans le journal espagnol Solidaridad obrera (Paris, 27 décembre 1947) pour tenter de retrouver le compagnon espagnol Manuel Rubio qui avait été interné avec lui à El Kef en Tunisie.