Hoche Meurant naquit dans une famille qui ne compta pas moins de vingt-trois enfants et dans laquelle la tradition républicaine était solidement ancrée ainsi qu’en attestaient les prénoms des vingt-deux garçons : Marceau, Kléber, Hoche, Juste, Philogone… Son père, Aristide, militant socialiste actif, ami de Lebas et de Dupré, fut un féministe avant l’heure et le manifesta de façon anecdotique en « vousvoyant » sa femme, Adolphine Dubois, jusqu’à la fin de ses jours et en faisant acte de candidature à diverses élections avec pour unique programme l’établissement du droit de vote pour les femmes. Marchand de journaux, il perdit sa clientèle sur intervention du clergé et entra comme balayeur à la mairie de Roubaix qui venait d’être conquise par les socialistes.
Dès l’enfance Hoche fut marqué par la répression d’une manifestation des ouvriers de Sobres-les-Marches où la troupe avait ouvert le feu contre les manifestants, causant plusieurs victimes dont des amis de son père.
Mis très tôt au travail comme ouvrier peigneur après avoir été victime d’une méningite tuberculeuse, le jeune Hoche fut abondamment nourri d’anticléricalisme et d’antimilitarisme et se dota d’une solide culture autodidacte. Fortement impressionné par les Paroles d’un révolté de Kropotkine, il s’intégra bientôt aux milieux anarchistes de la région lilloise. Après avoir abandonné son premier métier pour s’essayer à divers emplois (ouvrier du bâtiment, photographe) et avoir voyagé en Suisse, en Belgique et en Italie, il fut contraint de partir au service militaire en 1903. Il refusa d’accomplir les exercices journaliers et fut alors traduit devant un conseil de guerre pour refus d’obéissance et outrages à supérieurs. Condamné à trois ans de prison et transféré au pénitencier militaire de Daya-Bossuet (Algérie), il ne put accepter les conditions avilissantes qui lui étaient imposées. Pour s’être livré à des voies de fait envers un surveillant (selon Le Libertaire du 25 février 1927 et Terre libre d’avril 1936), Meurant fut condamné à la peine de mort, le 5 avril 1906, par le conseil de guerre d’Oran ; à l’audience, il fit profession de foi antimilitariste, ce qui lui valut d’être expulsé de la salle ; après cent deux jours d’attente dans une cellule d’isolement, sa peine fut commuée en dix ans de travaux publics et il fut à nouveau envoyé à Daya-Bossuet. Évadé en 1907, repris, il fut finalement gracié le 24 avril 1910 après intervention du docteur Dupré et réformé par la suite. (Hoche Meurant, qui avait été remis en liberté le 1er mai 1910, fit le récit de cet épisode dans Germinal, éd. Du Nord, n°10, 1926)
Le 6 juin 1910, lors du passage d’un bataillon du 127e Régiment d’infanterie à Roubaix, Boulevard de Paris, il s’était écrié « A bas l’armée ! Tas de vaches, Vive l’anarchie !”. Après avoir résisté à son arrestation il avait été conduit au Parquet et, le 10 juin, avait été condamné à 4 mois de prison par le Tribunal correctionnel de Lille.
Il avait été inscrit au Carnet B le 3 octobre 1910. Il demeurait alors 1 rue d’Isly à Roubaix, avant de s’installer à Croix en 1913.
Le 2 août 1914, lors de la mobilisation, il aait été arrêté avant d’être relâché quelques jours plus tard.
Pendant le premier conflit mondial, il parvint à communiquer ses idées anti-militaristes à des soldats allemands qui occupaient la région dont certains l’avertirent en temps utile d’une rafle où il devait être arrêté.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Hoche Meurant était ouvrier mineur dans le bassin du Pas-de-Calais. Secrétaire de la section syndicale CGT des mineurs de Librecourt, il prit une part active à la grève de 1919. Pris entre sa fidélité au principe de la séparation syndicalisme/politique et son admiration pour la jeune Révolution russe, il hésita longuement lors de la scission de 1921-1922. Resté dans un premier temps au sein de la CGT, il adhéra par la suite au syndicat CGTU des mineurs pour tenter d’y faire prévaloir les thèses anarchistes, mais fut rapidement exclu par les militants communistes qui dirigeaient le syndicat. Meurant, qui avait fondé le syndicat autonome des travailleurs de Croix Wasquehal — dont il était toujours responsable au début des années 1930 — adhéra alors à la CGT-SR fondée par Pierre Besnard et collabora à son organe Le Combat syndicaliste de 1926 à 1939.
Mais il se consacra pour l’essentiel au mouvement libertaire dont il fut incontestablement le leader principal dans la région du Nord pendant l’entre-deux-guerres, se partageant entre la région lilloise et le bassin minier. Secrétaire de la section de l’Union anarchiste de la commune minière d’Ostricourt jusqu’en 1926 (?), il s’était établi dès 1913 à Croix, près de Roubaix où il exerça le métier d’artisan bonnetier dans sa petite maison au 1 rue d’Arcole ; utilisant deux métiers à main, il fabriquait des bas, des gilets qu’il vendait sur les marchés.
Fondateur et secrétaire du groupe anarchiste L’Entraide de Croix, il anima également plusieurs groupes libertaires de la région lilloise (Amis de Germinal, Amis des Libertaires, Ligue antireligieuse de la Raison), organisant d’innombrables réunions au cours desquelles il faisait entendre une voix vibrante où se mêlaient violence et générosité. Il s’occupa tout particulièrement des déserteurs qu’il aidait à franchir la frontière et des objecteurs de conscience. Cette action lui attira évidemment de multiples ennuis avec la justice : il fut poursuivi pour avoir distribué, lors d’un meeting du parti communiste, des tracts « Appel aux conscrits » à Roubaix, le 26 mars 1921 où il avait été arrêté, puis roué de coups, avec Brugon de la Fédération des soviets ; dès son incarcération il commença une grève de la faim pour obtenir le régime politique. Le 7 mai 1921, devant le tribunal, il fit une déclaration reproduite dans Le Libertaire du 13-20 mai 1921, qui se terminait par ces mots : « A bas la police ! Vive l’anarchie ! » Condamné à treize mois de prison et à 2 000 F d’amende, Meurant fit appel et sa peine fut ramenée le 5 novembre à huit mois de prison ; le soir même, il était libéré. Brugon avait été condamné à 6 semaines de prison.
Les 26-27 novembre 1921 il fut l’un ds délégués de Roubaix au congrès de l’UA tenu à Villeurbanne (voir Raitzon) où il défendit notamment l’entrée en masse des anarchistes dans les syndicats.
Il fut l’organisateur du congrès régional anarchiste tenu à Roubaix les 15-16 avril 1922. A l’issue de ce congrès auquel avaient participé des délégués des groupes de Valenciennes-Onnaing, Roubaix, Croix, Marc-en-Barœul et des individuels de Maubeuge, Somain, Saint-Quentin, Raismes, Watreloos, Wasquehal, Tourcoing et Hellemmes, avait été constituée la Fédération communiste libertaire de la région nord dont l’un des secrétaires était Charles Louis Merschaert.
Les 2-4 décembre 1922, il fut avec Théo, le délégué du groupe de Croix au congrès national de l’Union anarchiste tenu à la Maison du Peuple de Levallois (voir Haussard). Lors de la révision de 1922 il avait été maintenu sur le Carnet B du département.
Le 25 janvier 1923, il comparaissait devant le tribunal correctionnel de Béthune ; le 24 janvier 1924, il fit appel de ce jugement qui l’avait condamné à trois mois de prison. Il était alors le secrétaire du Groupe Girier-Lorion de Croix-Wasquehal.
Le 14 juillet 1923, il avait participé à la manifestation pour l’amnistie organisée par les groupes de Croix-Wasquehal et Lille au cours de laquelle plusieurs compagnons avaient accompagné une automobile ornée de pancartes (pour l’amnistie de Cottin, de Rolland, pancarte en espagnol et en italien contre le fascisme…) et avaient parcouru les rues de Lille aux cris de « Vive l’anarchie ! Amnistie : A bas les endormeurs du peuple ! Démolissons toutes les prisons !! » (cf. Le Libertaire, 20 juillet 1923).
Le 19 juillet 1923, il était une nouvelle fois poursuivi à Béthune pour un discours en faveur de l’amnistie pour E. Cottin et Gaston Rolland.
Les 12-13 août 1923 il fut l’un des rapporteurs au IV congrès de l’UA, tenu à Paris, qui décida la publication du Libertaire quotidien. Il fut également délégué lors du congrès de l’UA tenu les 1-3 novembre 1924 à la Maison des syndicats, avenue Mathurin-Moreau à Paris.
Fin 1924 il participait dans les colonnes du Libertaire à la campagne du CDS contre Biribi (voir Le Libertaire, 29 décembre 1924).
Le 15 août 1925 lors d’une ballade champêtre à Bondues, à laquelle avaient participé une quarantaine de compagnons, il avait été arrêté avec Ferdinand Michel et Antoine Filliol pour avoir distribué des tracts le long de la route nationale.
Le 29 novembre 1925, selon la police, il avait donné asile à Jules Deshermacher et Camille Vandenbussch, deux soldats condamnés à 2 ans de prison, évadés de la prison de Loos et auxquels il avait fait passer la frontière pour gagner la Belgique.
En 1926 il était le secrétaire du groupe Girier Lorion de Croix, adhérent à l’UAC dont les 12-13 juillet il avait été le délégué et avait présidé la première séance du congrès de l’UA tenu à Orléans. Il avait notamment proposé de renommer l’organisation Union anarchiste fédérative.
Pendant la grève de la faim de Ferdinand Michel emprisonné en 1926 à Douai pour son action contre la guerre du Maroc, Hoche Meurant était allé distribuer des tracts devant la prison et avait crié « on assassine à la prison de Douai ! » ; il était condamné à une amende qu’il refusait à plusieurs reprises de payer. Par application de la contrainte par corps il était arrêté le 11 février 1927 et emprisonné cinq jours pour « menaces proférées contre les huissiers » et était inculpé de « rébellion à agent ». Le Libertaire du 25 février 1927 rapporta que Meurant venait d’être condamné, le 16 février, par contumace à quatre mois de prison par le tribunal correctionnel de Lille, jugement confirmé, et duquel il fit appel, quand il se présenta devant ses juges le lendemain de sa condamnation (voir Germinal, n°385, 8 janvier, n°391, 19 février & n°392, 26 février 1927) et fut libéré vers la fin de mai 1927.
En 1927 il était membre du bureau du Comité de défense sociale du Nord Pas-de-Calais dont les responsables étaient Adolphe Bridoux (secrétaire), G. Even (secrétaire adjoint) et Vannier (trésorier). Il écrivit en 1928 de nombreux articles contre les bagnes militaires dans Le Libertaire.
Meurant assista à tous les congrès anarchistes qui se tinrent au plan national pendant l’entre-deux-guerres, notamment à celuui de l’UAC tenu à Paris les 30 octobre-1er novembre et à à celui de Paris des 20 et 21 mai 1934, dit congrès de l’unité où il représenta la Fédération du Nord. Entretenant d’étroites relations avec la Fédération anarchiste internationale dont le siège était à Amsterdam, il effectua plusieurs voyages à l’étranger pour assister comme observateur à des congrès anarchistes nationaux ; il se lia d’amitié avec plusieurs dirigeants néerlandais, belges et italiens et il servit de guide à Makhno et Voline lors de leur venue en France à l’occasion du congrès de la Fédération anarchiste parisienne de 1932. Il participa également aux congrès tenus par la Fédération du Nord et du Pas-de-Calais et notamment à celui du 27 janvier 1924 à Lens à l’issue duquel il fut nommé responsable de la rédaction du mensuel Le Combat, organe de la Fédération (Lille-Wasquehal, 13 numéros de mai 1923 à avril 1924) aux cotés de Bridoux, Oscar Descamps et Paul Thant et dont l’administrateur était Achille Vigneron et le gérant Paul Celton (cf. Libertaire, 30 janvier 1924), au sixième qui se tint à Montigny-en-Gohelle le 13 juin 1926 et au septième tenu à Croix le 16 octobre 1927 où il fut désigné comme délégué du nord au contrès de l’UAC devant se tenir à Paris. Les 12-15 août 1928 il fut avec Bridoux l’un des délégués du Nord au congrès de l’UACR à Amiens. A ce dernier congrès il avait notamment déclaré « ne plus pouvoir, faute d’argent, héberger et procurer certains papiers aux étrangers et même aux français traqués qui viennent fréquemment le trouver à Croix » pour les passer en Belgique. Il avait ajouté que le groupe de Croix s’était procuré des cartes d’identité avec photographies, mais qu’il y fallait apposer 12 francs de timbres. Son camarade Even avait été chargé des contacts avec les groupements étrangers ayant besoin de son concours.
Hoche Meurant vivait en concubinage avec Palmyre Desir dont la sœur Sabine, mariée à Paul Moreau, participait à Croix au milieu des années 1920 à l’hébergement de divers réfractaires dans l’attente de leur passage en Belgique.
Du point de vue doctrinal, Meurant fut classé au début des années vingt parmi les « anarchistes-communistes » (voir Meerschaert Charles). Il s’opposa au sein de la Fédération du Nord au militant amiénois G. Bastien qui préconisait une Fédération anarchiste structurée avec cotisations et cartes d’adhérents, et se prononça pour un système moins centralisé qui laisserait aux groupes une certaine autonomie en matière d’organisation ; ce souci de parvenir à un certain encadrement du mouvement l’amena, par opposition, à lutter contre les « individualistes » dont Dryburgh était le plus actif représentant dans le Nord. Cette position de compromis fut exposée par Meurant lors du congrès de l’Union anarchiste communiste révolutionnaire (UACR) réuni à Paris les 19-21 avril 1930 où il représenta la Fédération du Nord avec Bastien. Il s’opposa en particulier aux propositions des plateformistes de Paris et du Midi qui visaient à créer un véritable Comité central d’UA.
Meurant fut l’administrateur de Germinal pour l’édition du Nord-Pas-de-Calais qui sortit à compter du 25 septembre 1925 ; ce journal, dont Bastien fut le principal animateur, avait paru à Amiens (Somme) de 1904 à 1913 puis repris le 29 août (ou septembre) 1919 ; il s’étendit ensuite à l’Oise, au Nord et au Pas-de-Calais ; Germinal tirait, en 1925 à 3 500 exemplaires pour la Somme, 5 000 pour l’Oise et 1 000 pour le Nord et Pas-de-Calais ; il disparut après juillet 1933 mais eut une brève résurrection en 1938. Meurant collabora à plusieurs reprises au Libertaire (entre 1923 et 1939) ; en 1933, il administra Le Flambeau, mensuel, paru de juin 1927 au 5 juin 1934 (quatre-vingts numéros) ; ce journal eut un prolongement dans Terre libre (Aulnay-Nîmes, 1934-1936) dont Meurant fut responsable en 1934 pour l’édition Nord-Nord-Est (édition de Paris : responsable Laurent ; édition du Midi, responsable A. Prudhommeaux ; édition de l’ouest R. Martin ; édition du centre, Rémy Dugne).
Au printemps 1934, avec un espagnol Julien Lasa dit Solidario, il avait été suspecté de se livrer à un trafic d’armes à destination des compagnons de Barcelone ce qui ne put être prouvé. A cette époque, outre Solidario et sa compagne Aline Duc, trois autres espagnols étaient membres du groupe : Amelio Alonso (artisan en glaces), Isidora Hernandez (journalière) et Valentin Marna (ouvrier carreleur).
Les 20-21 mai 1934 il avait été délégué au congrès tenu à Paris par l’UAC (congrès dit de l’unification) et, entre deux séances, avait accompagné N. Faucier et Duquelzar pour aller apporter le salut des congressistes au compagnon Makhno hospitalisé à Tenon.
A l’été 1935, suite à une perquisition au Centre d’hébergement d’Ancenis, la police avait découvert qu’un anarchiste sarrois était alors en contact avec Meurant. Dans une note au préfet, le commissaire de police spécial de Lille estimait qu’il serait souhaitable que la correspondance de Meurant avec les réfugiés sarrois « fut censurée avant de parvenir aux destinataires ». A cette même époque Meurant figurait toujours sur le Carnet B du Nord avec la mention “pour arrestation”.
Lors du congrès constitutif de la Fédération anarchiste de langue française (FAF) tenu à Touloluse les 15-16 août 1936, il avait été désigné comme responsable de la région Nord, Nord-Est.
En 1937 il était fiché comme « anarchiste dangereux ». La police précisait qu’il louchait de l’œil gauche et qu’il était « tatoué à lavant-bras droit des mots « Enfant du malheur » ainsi que d’une chaine et d’un cadenas ».
Dès le début du soulèvement franquiste en Espagne, il participa à un réseau de passage d’armes monté en particulier par les compagnons italiens U. Marzocchi et Gilioli à Lille et Mantovani à Bruxelles : les fusils achetés à Bruxelles étaient ensuite acheminés jusuq’à Toulouse où le militant Tricheux servait d’intermédiaire avec les compagnons espagnols. Pendant la guerre d’Espagne, Hoche Meurant anima les section locales de la Solidarité internationale antifasciste (SIA) fondée par Louis Lecoin et organisa une campagne de souscription pour les troupes républicaines et plus particulièrement pour la CNT. Il participa également à l’acheminement par camions de l’aide en vêtement, nourriture et aussi armement. Ce fut au cours d’un de ces voyages en Espagne où il allait avec sa compagne Léa (originaire de Wattrelos) livrer des armes qu’il fut sérieusement blessé dans un accident de voiture (janvier 1937). Il était à cette époque le responsable à la presse du bureau de l’union locale CGTSR de Croix-Lille et l’un des animateurs de groupes locaux des Amis de Germinal, des Amis du Libertaire et de la ligue anti-religieuse La Raison. Après la défaite des Républicains, il hébergea, malgré la faiblesse de ses revenus, de nombreux militants anarchistes espagnols réfugiés en France, puis, l’Occupation venue, il aida la Résistance en lui fournissant du matériel d’imprimerie et en jouant le rôle de « boîte à lettres ».
Après la Seconde Guerre mondiale, Hoche Meurant s’efforça de reconstituer le mouvement anarchiste dans le Nord. En 1948, il était encore secrétaire du groupe de Croix de la Fédération anarchiste et militait à la Confédération nationale du travail (CNTF). Il était également le responsable de la SIA pour le Nord et participait à de nombreuses tournées de conférences dans toute la région. Il collaborait au Libertaire, à l’organe régional de la Fédération anarchiste Monde nouveau (Marseille, 6 numéros de février à octobre 1946) dont l’administrateur était J. Gambarelli, ainsi qu’à Ce Qu’il Faut Dire (Paris 1944-1948) de L. Louvet.
Hoche Meurant vécut dans une misère totale jusqu’à sa mort le 13 avril 1950 à Croix (Nord) : hostile aux assurances sociales qu’il considérait comme une escroquerie étatique, il ne bénéficia d’aucune retraite alors que sa clientèle d’artisan bonnetier s’effondrait. Sa compagne, qui avait vécu à ses côtés pendant près de quarante ans, fut victime de la même situation : pour éviter l’hospice, elle fut contrainte de travailler sur son métier à tisser jusqu’à l’âge de soixante-treize ans.
Grand, mince, le visage allongé marqué d’une fine moustache et surmonté de cheveux noirs et courts, séparés par une raie médiane, Hoche Meurant appartenait par la manière et par l’idéologie, si ce n’est par l’âge et la chronologie, à la première génération de militants anarchistes. « Militant d’une intégrité parfaite et d’un dévouement à toute épreuve » a dit de lui Nicolas Faucier. Dans la nécrologie intitulée « Un gars du Nord » parue dans Défense de l’homme (juillet 1950) on pouvait lire : « …mais la plus belle partie de sa vie militante, la plus importante au surplus, c’est celle que Meurant consacra à la défense des proscrits. Combien sont-ils tous ceux qui, par les efforts de Hoche et de ses amis, parvinrent à traverser sans encombre la frontière ? des milliers sûrement. Et combien parmi ceux là qui trouvèrent, avant ou après la frontière, Chez Meurant, le refuge fraternel… ». Toute sa vie il avait dénoncé l’absurdité et l’horreur de la guerre ce qui lui avait valu de connaître « Les tribunaux civils et militaires, les conseils de guerre et les cours martiales, les geôles infectes, les déportations, les sévices, les brutalités, les tortures et les pelotons d’exécution pour avoir clamé notre volonté d’harmonie humaine et la disparition des frontières stupides ».
Outre les titres cités, Hoche Meurant avait également collaboré à Almanach de la Paix pour 1934 édité par « La Clameur » journal de l’Union des Intellectuels pacifistes, à L’Espagne nouvelle (Nîmes, 1937-1939), à L’Eveil social (Aulnay-sous-Bois, 29 numéros du 1er janvier 1932 à mai 1934) dont le gérant était Mohammed Sail et qui fusionna ensuite avec Terre libre, à La Revue anarchiste (Paris, 1929-1936) éditée par Fortin, à La Revue internationale anarchiste (Paris, 8 numéros du 15 novembre 1924 au 15 juin 1925) dont le gérant était S. Férandel et à Simplement (Ivry, au moins 44 numéros de janvier 1933 à août 1938) administré par L. Daudonnet et sous-titré « vagabondage social et littéraire ».
OEUVRE : Bas les armes ! Imprimerie Germinal, 16 p., s.d. ; — Guerre à la guerre (Ed. Germinal) ; — Quatre de l’infanterie (Ed. Germinal) ; — Servitude et grandeur militaire (Ed. Germinal) ; — Guerre et fascisme (Ed. Germinal) ; — Le Feu (Ed. Germinal).