Ouvrier confiseur et colporteur du journal La Voix de l’ouvrier, Ferdinand Monier (ou Monnier), qui s’était engagé dans le mouvement révolutionnaire dès la fin des années 1870, fut avec Egide Govaerts, Wysmans, Pintelon, Stuyck et Alexandre Colignon, à l’initiative de la publication du journal Ni Dieu ni maître (Bruxelles, 23 numéros, 23 mai 1885 au 22 mai 1886) dont il fut l’un des administrateurs. Il était à cette époque l’un des principaux orateurs des meetings anarchistes à Bruxelles. Lors d’un meeting socialiste début 1885 organisé pour les sans-travail, il avait pris la parole et déclaré : « Quand l’ouvrier a faim, il sait ce qu’il doit faire ; il ne doit rien attendre des mandataires pourris de la bourgeoisie. Les droits politiques !… Ah le suffrage universel, il s’agit bien de cela ! Allons droit au but, à la bourgeoisie ; c’est elle que nous devons tuer », intervention qui fut vigoureusement applaudie selon la presse de l’époque.
Le 12 avril 1885 il avait été l’un des orateurs de la réunion sur le suffrage universel organbisée à la salle Rubens (Novaiorama) par l’Union des groupes an archistes de Buxelles et à laquelle avaient assité environ 200 personnes.
Le 27 juillet 1885 et à la suite de l’arrestation de quatorze militants anarchistes, dont plusieurs étrangers qui seront expulsés, Ferdinand Monier fut condamné pour “outrage à la police”. Dans les premiers mois de 1886 il prit une part active à la campagne d’agitation menée en Wallonie (Bruxelles, Liège, Verviers). Suite à des meeting tenus à Bruxelles le 27 mars et à Dison le lendemain et qui furent suivis d’attroupement et d’incidents avec la police, il fut arrêté et emprisonné. Lors de la perquisition à so local de marchand de journaux, la police avait saisi de nombreuses brochures et journaux anarchistes. Parallèlement des parquisitions avaient aussi été faites ches plusieurs militants dont Wuysmans, François Ernest, Stuyck, Govaerts et au siège de l’imprimerie du journal Ni Dieu ni maître. Ces divers troubles du mois de mars en Wallonie seront à l’origine d’une loi anti-anarchiste.
A cette même époque il était aux cotés de Colignon, Govaerts et Winaud, l’un des animateurs du cercle anarchiste La Liberté qui se réunissait à l’estaminet La Mouche tenu par le compagnon français Victor Sallard.,
Lors de la campagne menée à l’été 1886 par les socialistes en faveur du suffrage universel, il fut l’auteur d’un Manifeste anarchiste dont les 6.000 exemplaires furent saisis par la police et qui lui valurent d’être condamné le 12 novembre à trois mois de prison par la Cour d’assises du Brabant. Dans ce Manifeste il était écrit : « Examinons donc froidement et sans parti pris la situation et demandons-nous : Que peut le suffrage universel pour améliorer notre sort ?
A cette question, nous répondrons catégoriquement : Rien !
Considéré en lui-même, il ne changera absolument rien aux conditions sociales qui nous écrasent.
Considéré dans ses effets législatifs, il nous assurera, nous dit-on, une diminution des heures de travail, une augmentation des salaires, etc, etc. … Et c’est surtout ici que la duplicité de ceux qui aspirent à nous gouverner, est parvenue à fausser le jugement de certains d’entre nous et à leur faire attribuer au suffrage universel une vertu qu’il n’a pas…
Nous ne nous soucions pas de votre suffrage universel ; nous voulons du pain et du travail, l’égalité réelle, le communisme, l’anarchie. Plus de propriété ! Plis d’État ! Une société où tout est vraiment commun…
Paysans qui travaillons pour autrui et qui mangeons l’avoine pour laisser le froment au maître, nous sommes des millions d’hommes ; nous sommes si nombreux qu’à nous seuls nous formons la masse du peuple. Ouvriers, qui tissons la soie et le velours pour nous vêtir de haillons, nous sommes des multitudes ; et quand les sifflets des usines nous permettent un instant de repos, nous inondons les rues et les places comme une mer rugissante. Soldats, qu’on mène à la baguette, nous qui recevons les balles pour que les officiers aient les croix et les pompons ; nous, pauvres sots qui n’avons su jusqu’à maintenant que fusiller nos frères, il nous suffira de faire volte-face pour voir pâlir tous ces personnages galonnés qui nous commandent. Nous tous qui souffrons et qu’on outrage, nous sommes la foule immense, nous sommes l’océan qui peut tout engloutir. Dès que nous en aurons la volonté, un moment suffira pour que justice se fasse.
Vive l’anarchie ! »
Les groupes anarchistes de la partie de l’humanité parquée sur la portion de territoire appelée « Belgique » par ceux qui nous exploitent.
Vive la révolution sociale !”
Monier continua de diffuser toute la presse libertaire des années 1890. Il fut également un collaborateur du journal Le Cri des opprimés (Charleroi, au moins 2 numéros des 4 et 11 octobre 1896) publié par Émile Chapelier. En 1896 il était l’un des diffuseurs de L’Insurgé (Bruxelles).
En 1898 il demeurait 4 rue de Rollebeek à Ixelles et était le responsable de la Bibliothèque de la jeunesse libertaire qui publia au moins une brochure : Paul Sosset “A l’aube du siècle 1. Le mouvement libertaire” (32 p.).
A l’automne 1900, il devait être l’administrateur de la revue L’Effort devant paraître à Bruxelles à partir d’octobre.
Au début des années 1900 il aurait cessé, selon la police, de militer. Toutefois, au début des années 1910 il figurait toujours sur une liste d’anarchistes et était alors libraire.