Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

BIENTINESI, Armando

Né à Livourne le 14 janvier 1898 — mort le 20 octobre 1967 — Maçon — Livourne — France — Algérie — Catalogne — Bruxelles
Article mis en ligne le 11 septembre 2010
dernière modification le 17 juillet 2024

par R.D.

Fils de Luigi et d’Iginia Cecchi, Armando Bientinesi était né le 14 janvier 1898 à Livourne. Soldat pendant la Première guerre mondiale, il fut condamné en novembre 1920 à un an de prison pour objection en zone de guerre — peine suspendue par la suite.

Il s’expatria clandestinement en 1921 à Marseille, après avoir subi des persécutions fascistes. « Propagandiste anarchiste » à Marseille en 1924, il travailla ensuite comme docker en janvier 1926 à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône).
En février 1926 il rentrait à Livourne où il subit différentes perquisitions de domicile, toutes infructueuses.
Il tenta d’émigrer à deux reprises avant de réussir en mai 1931 à se procurer une barque avec laquelle il partit clandestinement en Corse en 1932. On le retrouve à Marseille en août 1932, où il est dénoncé pour « entrée illégale pour motifs politiques ». Il est frappé d’un arrêté d’expulsion pour son activité politique en 1932. Ne s’étant pas soumis à l’obligation de quitter le territoire, il est condamné à 2 mois de prison. En août 1933 il se réfugie en Tunisie puis en Algérie, à Alger et à Oran où il travaille dans le bâtiment.

Armando Bientinesi arrive en Espagne en 1935. Il travaille comme porteur à Alicante puis à Valence. Il se rend à Barcelone avec Ugo Cardenti, Cornelio Giacomelli, Vittorio Marchi, Giorgio Rossi et Muzio Tosi le 16 ou le 19 août 1936. Il s’enrôle dans la colonne Ascaso, au sein de la colonne italienne « Rosselli », commandée par Mario Angeloni. Il prend part aux combats sanglants du Monte Pelato, Tardienta, Almudévar et Carrascal de Huesca. En avril 1937, il rejoint la 26e Division (Colonne Durruti).

Le 7 décembre 1937 il avait été inscrit au Registre fasciste des personnes recherchées et à arrêter. Il est fiché par le préfet de Livourne le 10 janvier 1938 pour rébellion et militantisme anarchiste. Le 15 mai 1938 il apparaît dans « une liste d’anarchistes qui sont allés en Espagne dans les milices rouges » avec Ernesto Bruna, Antonio Calamassi, Antonio Chierici et Luigi Collina.

Rentre en France en février 1939 lors de la Retirada on e retrouve interné dans le camp « de la faim et du mépris » d’Argelès-sur-Mer, « une étendue désolée de sable, dépourvue de tout, où les internés dorment dans des trous creusés dans le sable, sous un hiver rigoureux. Ils se nourrissent de roseaux et ils sont victimes du scorbut, de la tuberculose et même de la lèpre ». Il adhère au groupe Libertà o Morte avec Ernesto Bonomini, Faustino Braga, Gennaro Gramsci, Carlo Montresor, Cornelio Giacomelli, Muzio Tosi et d’autres camarades. Il est ensuite transféré dans le camp de Gurs en juillet 1939 (9e Compagnie). En 1940 il est rattaché à une Compagnie des Travailleurs Etrangers sur la frontière franco-belge. Evadé ou libéré, on retrouve sa trace en 1940 à Bruxelles où il vit avec Dante Armanetti, Aldo Demi, Giuseppe Peano, Ateo Vannucci. Il travaille à la restauration d’un pont de la ville. Par la suite il s’emploie comme maçon et conducteur routier entre Szczecin et Berlin. Il est arrêté par les Allemands et remis aux autorités italiennes à Brenner le 14 novembre 1942. Il est transféré à Livourne où il revendique ses convictions anarchistes. En 1943 il est condamné à deux ans d’assignation à résidence à Tremiti.

Libéré en septembre 1943, il participe à la Résistance et continue à militer dans le mouvement libertaire jusqu’à sa mort, le 20 octobre 1967 à Livourne.


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