Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

BOADA (ou BOADAS) RIVAS, Pedro

Né à Barcelone en juin 1896 — mort en 1972 ? — Ouvrier métallurgiste — MLE — CNT — Barcelone (Catalogne) — Valence (Levant) — Montevideo (Uruguay)
Article mis en ligne le 14 septembre 2010
dernière modification le 1er novembre 2024

par R.D.
Pedro Boada Rivas

Pedro Boada (ou Boadas) Rivas militait depuis son plus jeune âge dans le mouvement libertaire ce qui lui valut de figurer sur les listes noires patronales et d’être emprisonné à de nombreuses reprises. En 1918 il était en prison à Barcelone et signa avec d’autres une lettre qui fut lue au congrès tenu par la CNT à Sants. Il était soupçonné, avec notamment Joaquin Vandellos Romero, Carlos Andrés Corbella et Pedro Valero Ariño, d’avoir participé le 8 janvier 1918 à l’exécution de J.A. Barret, un responsable patronal de la métallurgie. L’attentat, selon la police avait été commandité par José Solé le président de la société des ouvriers métallurgisres et José Dardes Satoria trésorier de la société des ouvriers fondeurs en fer. Les accusés seront finalement libérés fautes de preuves lors de la révision du procès et Boada serait alors passé en France avant de revenir à Barcelone.

Secrétaire du syndicat des métallurgistes, il était considéré par la police comme l’un des principaux organisateurs, avec Manuel Casanovas et Pedro Valero, des groupes d’actions et de défense qui s’afrontaient aux pistoleros du syndicat libre. Il fut poursuivi au moins à cinq reprises pour sa participation à des attentats ou à des sabotages. Le 12 octobre 1920, il aurait participé à une réunion clandestine tenue à la coopérative La Flor de mayo qui avait été interrompue par la police à laquelle il avait donné un faux nom lors du contrôle qui s’en était suivi. Le 26 février 1921 il était arrêté avec son frère à Barcelone.

En 1923 il était, semble-t-il, à Valence, recherché par la police pour le meurtre d’un agent de sécurité. L’année suivante, suite à la découverte d’un dépôt d’armes à Montjuich, il fut arrêté et durement interrogé par la police. Il était en attente de procès à l’automne 1925 à la prison de Barcelone, accusé de l’assassinat d’un agent de police, mais parvenait, semble-t-il, à s’évader.

Avec les compagnons Jaime Tadeo Pena et Agustin Garcia Capdevilla, ill gagnait ensuite Paris où les trois hommes rencontraient B. Durruti qui décidait de les envoyer en Argentine et chargeait Boada de contacter Miguel Angel Roscigna pour convaincre ce dernier de venir en Europe. Boada parvenait à s’embarquer clandestinement pour l’Amérique latine avec Jaime Tadeo Pena et Agustin Garcia et tous trois collaboraient dans les années qui suivirent aux diverses actions et expropriations menées par Durruti. Ils étaient alors en contact avec le groupe illégaliste de Miguel Arcangel Roscigna.

Début 1928 les trois jeunes gens se trouvaient à Montevideo. Assoifés d’action, et malgré les recommandations de Roscigna de ne pas effecuer d’expropriation en Uruguay, tous les trois participaient avec les frères Antonio et Vicente Moretti au braquage sanglant de l’agence de change Messina qui se soldera par trois morts et trois blessés. Pedro Boada et ses compagnons, à l’exception d’Antonio Moretti qui préféra se suicider plutôt que de se rendre, étaient arrêtés dans la maison de Villa de Union où ils étaient cachés le 9 novembre 1928 Tous étaient internés à Punta Carretas dont certains parvenaient à s’évader le 18 mars 1931 grâce à un tunnel percé depuis une charbonnerie située en face de la prison jusqu’aux toilettes de la prison. L’opération avait été financée par M.A. Roscigna et José Manuel Paz et le percement du tunnel assuré par Gino Gatti le propriétaire de la charbonnerie. C’est par ce tunnel que s’évadaient donc Pedro Boada, J. Tadeo Pena, A. Garcia Capdevilla, Vicente Moretti et cinq prisonniers de droit commun. Deux autres prisonniers dont Aurelio Rom, le beau-frère d’Antonio Moretti, seront pris à la sortie du tunnel, l’alerte ayant été donnée par des voisins. Après avoir passé la nuit chez le compagnon Germinal Reverra, Boada et ses compagnons se séparetont mais tous seront repris peu après. Boada qui avait gagné l’Argentine fut arrêté à Buenos Aires puis extradé en Uruguay.

Pedro Boada fut libéré au milieu des années 1950 après avoir passé près de 25 ans dans les prisons uruguayennes. Il s’installa alors dans le quartier du Cerro de Montevideo où il subsista en vendant des journaux dans les rues. Il fréquentait l’Athénée libertaire du quartier du Cerro-La Teja, partcipait aux réunions d’éxilés espagnols et aimait à assister aux congrès des ouvriers de la Fédération syndicale de la viande (entrepôts frigorifiques). Il était également membre du groupe de José Tato Lorenzo qui publiait la revue Voluntad.

Pedro Boada Ribas est mort en Uruguay en 1971 ou 1972.


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