Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

FRIGERIO, Carlo

Né à Berne le 7 mars 1878 — mort le 18 janvier 1966 — Typographe ; comptable ; journaliste — Milan (Lombardie) — Berne & Genève (Suisse) — Londres — Paris
Article mis en ligne le 1er juin 2013
dernière modification le 5 août 2024

par Gianpiero Bottinelli, ps
Carlo Frigerio

Carlo Frigerio avait été élevé par sa grand-mère qui s’était établie à Milan en 1886, et où, après avoir dû abandonner des études commerciales pour travailler comme apprenti typographe, il avait commencé à fréquenter à partir de 1891 le milieu anarchiste et était devenu membre du Cercle de Studi sociali.

Devenu l’ami de Pietro Gori éditeur du périodique L’Amico del Popolo auquel il aurait collaboré en 1894 et de Sante Caserio qu’il hébergea, il commença d’entretenir alors une correspondance avec E. Malatesta exilé à Londres et avec d’autres compagnons exilés en Espagne ou au Portugal. Suite à des grèves et aux émeutes durement réprimées, il fut arrêté puis expulsé d’Italie en août 1898 (sa mère était suisse), et retourna à Berne.

En décembre 1899 il publia avec Luigi Bertoni, Émile Held et sans doute Nino Samaia L’Almanacco socialista-anarchico per l’anno 1900, où était reproduisit un appel de Malatesta « Contro la monarchia », manifeste distribué clandestinement en Italie et qui valut aux éditeurs responsables d’être poursuivis à la demande du gouvernement italien. Lors de leur procès au Tribunal fédéral de Lausanne, ils furent finalement acquittés en mai 1900.

En 1901, après un séjour de quelques mois à Zürich, Frigerio émigra à Londres où il retrouva de nombreux compagnons — dont Malatesta, Emidio Recchioni, Attilio Panizza, Silvio Corio, etc. — et où il devint le rédacteur avec Silvio Corio du journal bilingue Lo Sciopero generale/La Grève générale (Londres, 3 numéros du 18 mars au 2 juin 1902), puis de La Rivoluzione sociale (Londres, 9 numéros, 4 octobre 1902 — 5 avril 1903) publié par A. Galassini. Il collabora également au numéro unique de La Settimana sanguinosa (Londres, 18 mars 1903) édité par Alfredo Ranieri.

Au printemps 1905 il partit pour Paris où il fut notamment l’auteur de l’article Perche entriamo nei sindacati publié dans le numéro unique de Verso l’emancipazione (Paris, 1er mai 1906) édité par Malatesta à l’occasion de la campagne pour les 8 heures. Suite à la manifestation du 1er mai 1906, il fut expulsé de France par un arrêté pris le 29 mai 1905 et qui lui fut notifié le 6 mai 1906, se rendit en Belgique et participa, dans la délégation britannique, au congrès international anarchiste d’Amsterdam en août 1907.

Expulsé de Belgique, il revint en juillet 1908 à Londres avant de rentrer en Suisse en 1909 et de collaborer notamment à Il risveglio-Le réveil (Genève) de Bertoni, à La Protesta umana (Milan) et Il Grido della folla (Milan) et d’entretenir de nombreux contacts avec les groupes anarchistes des principales villes en Europe.

En 1910 ou 1911 il s’installait à Paris comme directeur commercial après avoir obtenu un sursis à son précédent décret d’expulsion et continuait de collaborer au Risveglio de Genève et à l’hebdomadaire syndicaliste révolutionnaire La Voix du peuple (Lausanne). Arrêté en septembre 1914 en possession de « documents écrits en allemand », il fut inculpé d’espionnage et incarcéré. Dès sa libération en février 1915, il gagna Londres où il fut l’un des signataires du Manifeste contre la guerre avec entre autres Malatesta, Bertoni, Emma Goldman, A. Shapiro, etc.

Expulsé à nouveau en avril 1919, il rentra à Genève où dès mai il incita les compagnons du Risveglio à prendre position contre la Russie bolchévique qu’il comparait à « une immense caserne ».

A la demande des compagnons, il rentrait en Italie en novembre 1919 et devenait rédacteur aux cotés de Malatesta de Umanità nova à Milan puis à Rome et où il était notamment chargé des pages de politique internationale, activité qui lui valut plusieurs arrestations, condamnations et peines de prison notamment en 1920 et 1921.

A partir de 1924 il fut le rédacteur de la revue bi-mensuelle Pensiero e Volontà (Rome, octobre 1924-janvier 1926) éditée par Malatesta. Avec l’intensification de la répression, et après avoir gagné clandestinement Turin, puis Marseille, il revenait en 1927 à Genève où il reprenait sa collaboration avec Bertoni et où il allait publier, chaque année de 1929 à 1941, L’Almanacco libertario pro vittime politiche

Il traduisit de français en italien L’anarchisme de Paul Eltzbacher et Bakunin e l’Internazionale in Italia de Max Nettlau.

En 1928 il épousait sa compagne Aline, avec laquelle il partageait sa vie depuis 1925.

En 1935, il participa, en tant que délégué des compagnons exilés en Suisse, au congrès d’entente des anarchistes italiens émigrés en Europe, qui se tient clandestinement à Sartrouville (France) et y fut nommé membre du Comité anarchiste d’action révolutionnaire aux cotés de C. Berneri, L. Mastrodicasa, Gusmano Mariani, Umberto Marzocchi et Bernardo Cremonini.

De 1933 à 1937 il présida la section genevoise de la Fédération suisse des typographes et fut membre de la Ligue italienne des droits de l’homme (LIDU). Il se rendit en Espagne lors de la Révolution, avec sa compagne Aline, pour entretenir les contacts, collabora aux journaux L’Espagne antifasciste et Solidaridad obrera. Lors de la Retirada de début 1939, il fut particulièrement actif dans le soutien aux compagnons internés dans les camps en France.

Après la mort de Bertoni en janvier 1947, il devint le rédacteur responsable du Risveglio / Réveil anarchiste, de 1947 à 1950, puis de la dernière série de 1957 à 1960.

Carlo Frigerio est décédé à Genève le 18 janvier 1966.

Une partie de sa correspondance et de ses archives ont été déposées au Centre international de recherches sur l’anarchisme (CIRA) à la fondation duquel il avait contribué.


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