Fils de Maurice rt de Clotilde Stein, Paul Schultze (parfois Schultz) travallait comme relieur au Ministère de la guerre à Berlin, où il était spécialement chargé du collage sur toile des cartes de l’état major, ce qui lui aurait permis d’être exempté du service militare.
Paul Schultze, qui selon la police française était surnommé Boston, avait participé le 12 septembre 1880, avec entre autres Kropotkine, Élisée Reclus, Pierre Martin, Otter, des partisans de Most à la réunion de Vevey (Vaud) où avaient été adoptés l’autonomie des groupes et la propagande par le fait. Selon la police française, c’est lui qui assurait la correspondance entre la France, la Suisse et l’imprimerie jurassienne. Sa femme assurait la traduction en français d’articles parues dans Freiheit de Most, articles qui étaient composés sur l’Imprimerie jurassienne, puis introduits clandestinement en France par l’intermédiaire de Jacques Gross.
Selon la police il ne serait arrivé à Genève qu’en 1883 et avait épousé dans le courant d’avril 1884, la nommée Gaillet Joséphine, "institutrice libre et professeur de langues, d’origine genevoise, dont il a actuellement (1891) deux filles, âgées de 5 et de 4 ans". Dès son arrivée à Genève il avait adhéré la société allemande de la rue Guillaume-Tell.
Son frère Charles, compositeur lithoraphe avait été expulsé de Suisse par arrêté en date du 22 mars 1884. Selon la police, Paul Schultze " qui se savait surveillé en raison de ses relations avec lui et de la propagande à laquelle il se livrait lui-même, parut se tenir à l’écart pendant quelque temps, mais on sut un jour que la correspondance et les journaux qu’il recevait précédemment en assez grande quantité lui étaient adressés sous le nom de Huber ; il fut, en effet, établi que le dit Huber n’existait pas et que c’était Schultze qui venait retirer la correspondance et les journaux".
Il recevait notamment la Freiheit (New York) " en rouleau…qu’il expédiait ensuite par la poste aux affiliés."
Il fut expulsé de Suisse le 3 juin 1885 avec 20 autres compagnons pour “menées anarchistes” : Bodenmüller, Brenner, Brilitzki, Daschner, Dorat, Fitzek, Jean Grave, Halbedl, Heilmann, Jonata, Klinger, Koubsky, Leonhard, Nikitscher, Nowack, Nowotny, Petersen, Remlinger, Wakenreuter, Zahradniczek.
Apr-s son expulsion il était rentré à Kottbus où il aurait été arreté our "haute trahison" avant de bénéficier d’un non lieu. Il était ensuite venu en France, d’abord à Paris où en 1886, avec un certain Heilmann, il tenait une petite boutique de papeterie et de reliure au176 de la rue de la Roquette,. En octobre les deux associés s’étaient séparés et Schultze était alors parti à Annemasse où., il avait loué, sur la place de la Mairie, une petite boutique où il travaillait de son métier de relieur, tout en vendant des articles de papeterie. Fin 1887 il abandonna son magasin pour travailler en chambre. Qiand à sa femme elle donnait des leçons de piano et d’allemand dans quelques familles d’Annemasse.
Puis, selon la police, il avait "déménagé tout récemment et est allé se loger à l’extrémité de la commune, sur la route de Genève, dans le but de recevoir plus facilement ses coreligionnaires politiques sans appeler l’attention sur lui." Il recevait très souvent chez lui des révolutionnaires internationaux russes, français, suisses et allemands, "notamment les nommés Balougdgitch Jivoïn, sujet serbe et anarchiste international des plus dangereux ; Jean Kreuzfeld, sujet allemand, récemment expulsé du canton de Genève pour menées anarchistes ; Nicolas Sauerborn ; Béron Jean ; Jean François Ricken sujet allemand, chefs des 1er, 4e et 5e groupes de la Société allemande de Genève et bien d’autres dont les noms sont inconnus."
Il hébergeait également les compagnons ayant de démmélés avec la police suisse. Ainsi la police signalait que "la fille Guignard, d’origine suisse, qui faisait partie de la bande anarchiste Weill, Galleani, Petraroja et Stoïonoff, coreligionnaires politiques du sieur Schultze, et qui a été arrêtée pour outrages et voie de fait envers les agents lors de l’arrestation de ces individus, a trouvé asile chez lui du 23 octobre au 12 décembre 1890, sans qu’il ait fait faire la déclaration prescrite par le décret du 2 octobre 1888, relatif au séjour des étrangers en France.". Lorsque la police d’Annemasse s’était présentée chez lui, pour dresser procès verbal, "le sieur Schultze s’est débord montré très inconvenant vis à vis de l’inspecteur qu’il a presque mis à la porte de chez lui". Convoqué au commissariat, il avait reconnu le fait, mais en soutenant avoir " renvoyé la fille Guignard la veille, alors qu’il l’avait fait partir le matin même, pour échapper à la contravention".
Il aurait également hébergé le compagnonPhilippe Ogier dit Couturier, qui avait été arreté à Genève le 12 mai 1891, ce qu’il avait nié.
D’autre part il était toujours le corresondant de la Freiheit qu’il continuait de recevoir à Annmasse malgré l’interdiction du journal en France. I était aussi en contact avec La Révolte publié à Paris par Jean Grave.
Outre ses activités anarchistes, la police lui ompitait de pouvoir être un agent provocateur au service de l’Allemagne "chargé de la destruction d’ouvrages d’art, au moment d’une déclaration de guerre.
En 1891 il était ainsi signalé : " Âgé de 39 ans, mais en paraît bien 45 ; taille 1m76 environ ; corpulence mince ; cheveux châtains presque gris ; yeux bleus clair ; moustache châtain presque grise ; nez ordinaire ; bouche moyenne ; fer à cheval châtain presque gris, court ; visage ovale ; teint rosé."
A l’automne 1891 il avait reçu depuis Genève de Ricken et d’Auguste Thauteplusieurs colis dont le dernier contenait 130 brochures Les martyrs de Chicago, en langue allemande, et 370 journaux Die Autonomie, publié à Londres et Der Anarchist, publié à New-York,
La Révolte (25 février 1892) annonça son décès à Annemasse le 8 février où 22 compagnons - dont les compagnons allemands Thaute et Bruhl enus de Genève - avaient suivi ses funérailles : « Homme de haute probité aux solides convictions anarchistes ; les persécutions et les misères de toute sa vie ont ruiné sa santé, hâté sa mort, mais ne l’ont pas fait faiblir. Proscrit d’Allemagne, exilé parce qu’anarchiste de Suisse, à peine toléré en France, il est resté courageux jusqu’à son dernier souffle. »